Trouble-fête, par LSR


De la cendre dans la bouche.

Nous le savons tous, l’ennuie ou l’étrangeté d’une situation vécue nous assèche la bouche au sortir d’une nuit. Lorsque le mensonge n’est pas dissimulé par des acteurs extérieurs à nous-mêmes que nous avions par trop intégrés à notre intimité, nous obtenons cette once de palais incendiaire dans notre bouche.

Bouche, porte de l’âme disent les belles consciences. Bouche, orifice malaisé quand il déglutit mal de mauvaises quantités de nourriture. C'est aussi le goût de dépit.

Les semaines qui s’enfilent nous donnent la migraine. Actes barbares après répétition du même, nous prenons conscience que tout à chacun fait semblant de croire que nous vivons en paix. Les polémiques d’après les morts de Nice accroissent le malaise généralisé. Les festivals et le Tour de France ont continué. Il faut faire semblant. Faire semblant de vivre, faire semblant d’être en congés payés, faire semblant de se baigner au soleil de l’insouciance. C’est que la location a été payée, que les tourneurs ont monté des estrades. L’économie ne peut se passer de fêtes obligatoires et de spectacles.

Par les bons soins de nos gouvernants, nous disposons d’un spectacle permanent. Il mutera en spectacle abrutissant dès la rentrée, huit mois avant la fête d’un nouveau président de la République. Qui peut croire en un renouveau ? Qui peut espérer autre chose que la continuité dans la mêmeté ?

En réalité, nous assistons bras en croix à l’affrontement total qui sépare les humbles et les pieux. Les humbles ne savent plus que faire ; le monde social ne leur appartient plus. Les pieux nous font réviser des catéchismes bigarrés et tronqués… « Islam, religion de l’amour », tu parles ! L’amour ressort une fois de plus de la truquerie la plus exemplaire qui soit dans l’abaissement de nos Etats démocratiques. Au prétexte d’amour universel, toutes les religions ont pris le chapeau pour culotte. Chrétiens, musulmans, religieux des droits de l’homme, bouddhistes et j’en passe ont choisi de renier leurs prises d’acte initiales pour s’estampiller propagateurs d’amour. Ne plus regarder la réalité est un sport universel.

Jamais l’insouciance nouée à la désinvolture n’a autant pris ses quartiers d’été à la question cruciale. Pour autant, chacun fait semblant. Le goût de la cendre n’en a pas fini de persister au réveil de chaque hémisphère, après les fêtes et spectacles obligatoires. Ne reste, une fois de plus, que la consolation des mots et des sons.

LSR






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