Poser les questions les plus douloureuses, c'est déjà répondre, par LSR


En finir avec l’angélisme en temps de guerre.

Les plaintes ne cesseront d’écouler les pleurs d’un choc méconnu jusqu’alors. Depuis les guerres d’Etat entre intérêts religieux rivaux, jamais un prêtre catholique n’avait été exécuté en officiant devant ses fidèles. L’effroi est aussi haut que le symbole frappe l'imaginaire d'une nation sous l'hydre. Une église apaise, rafraîchit l’été et donne des couleurs au repos selon son calme et sa géographie de pierres et vitraux.

Une guerre acharnée est menée contre une certaine idée de la liberté. Les « barbares dans la cité » ont vécu ici et ont suivi l’enseignement de l’éducation ex-nationale. La religion est la façade de la bêtise crasse, de la césure avec une forme particulière de la modernité qui n’est plus perçue comme libératrice. La haine est au cœur du prophétisme sécularisé de l’islam, n’en déplaise aux belles âmes qui nous évoquent sans cesse l’amour à l’œuvre dans tous les dogmes. De quelle haine s’agit-il ?

Le ressentiment s’assied en premier lieu sur des illusions. Les mahométans anciens cultivaient le racisme (contre les Noirs), l’esclavage (des mêmes), le pillage et la conquête systématiques. Fermer les yeux sur ce passé ne devrait pas faire oublier les possibilités identiques des faits contemporains. Dès que les plus durs, dès que les acharnés des violents créent un groupe, ce sont en réalité un réseau d’allégeances et de dominations qui en ressortent (on croyait les Talibans ou Al-Qaida le summum de la violence, le pire était à venir). Les chrétiens minoritaires sont traités comme du bétail, les musulmans des autres tendances exécutés, les femmes niées dans leur chair. Mais encore, quand ils dominent un Etat, une principauté, un émirat, les droits les plus élémentaires sont bafoués à la barbe si je puis dire des Occidentaux qui savent fermer les yeux dès lors que le commerce international tire ses intérêts bien compris. Israël connait bien cette menace permanente dans son périmètre.

La haine contre les supposés infidèles n’explique pas tout. A l’œuvre principale se trouve bien entendu la volonté de puissance conduite par la terreur, la domination, la lutte de conquête, non pas spirituelle mais temporelle et économique. C’est ici d’une nouvelle forme d’impérialisme dont il faut parler. Un impérialisme froid qui tend à vouloir prendre appui sur la misère morale de tant et tant de nos jeunes compatriotes comme d’une cinquième colonne armée des possibilités de sacrilège permanent sur le sens de la vie de l’autre. Ne disposant pas des moyens militaires et industriels pour conquérir (légalement) les marchés et les territoires, il a été pensé la stratégie du chaos en suscitant l’extériorisation de la lutte de tous contre tous, en l’excitant par l’activisme terroriste. En fait, il s’agit d’exploiter les failles criantes de nos propres déserts démocratiques, de nos propres contradictions.

Pour le moment, la terreur fonctionne à plein. Chaque malade, chaque dérangé trouve une fonctionnalité justificatrice à tous ses malheurs intimes paranoïaques et destructeurs. De cela, nous n’avons pas le contrôle. Pis, l’Etat est incapable de sauvegarder un semblant de paix civile partant de ce constat froid. A moins de durcir les règles ou d’enfreindre celles qui nous régissent en restreignant les libertés publiques, ce qui favoriserait l’excroissance des actes attentatoires à l’ordre public, une guerre sans nom a commencé.

Dans cette guerre, il n’est pas question d’oublier les petites faiblesses de l’Etat qui n’a jamais empêché la prolifération du prosélytisme politico-religieux au nom du respect de la liberté des cultes et pratiques des uns dans la cité. Quand des fidèles arborent un signe religieux discret, d’autres portent l’étendard de leur instinct de domination par le hidjab et le niqab. Mais aujourd’hui, ce ne sont plus là des préoccupations essentielles dont on se moque comme d’une barbe ou d’un prêche en pleine rue, puisque l’art de la dissimulation est devenu l’arme qui précède le passage à l’acte. Qu'on ne vienne surtout plus polluer la réflexion précédant l'action par l'amour, cette bougie de la paralysie de la religion humanitaire.

Mener une guerre revient à déporter le regard de la question principale. La morale est plurielle : il faut saisir les manœuvres et tactiques de l’adversaire. Le symbole est varié et la terreur multiplie les cibles ; il faut savoir repérer d’où se situe vraiment la berge d’où l’incendiaire prend son élan. Changer de regard n’est pas chose aisée. Sans fard, il faut aborder des questions parmi les plus dérangeantes, notamment trois que nous retenons : comment lutter (idéologie, propagande), comment tuer (dans l’œuf ou par raison d’Etat), comment marier l’ordre institué avec le désordre instituant (légalité vs légitimité) ? Ne pas répondre serait tout aussi mortifère que les piètres pansements qui accommodent fort provisoirement par de la communication institutionnelle les plaintes.

LSR






Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce qu'est le syndicalisme libre & indépendant du macronisme-patronat

Aristote à Chartres (statuaire)

Malheur à toi permanent syndical de peu ! (tu ne sers qu'aux fiches policières)