Expo. "L'art des super héros", par Patrice C.


Une découverte Marvelous.

La culture populaire a besoin de se régénérer elle aussi. Elle a pris son rythme de croisière dans les années 40 avec les éditions américaines Marvel qui ont clairement défini le besoin d'identification à des héros à la fois proches et aux pouvoirs hors normes. Comme le dit si bien Stan Lee, l'un des premiers rédacteurs en chef de la maison : « Les enfants ont besoin de rêver ».
Le devenu fameux Captain America, né en 1940, était le premier vecteur d'identification moderne des jeunes américains qui rêvaient, et que l'on entretenait dans ce rêve, d'être le super héros qui allait sauver l'Amérique d'abord, le monde accessoirement, mais ensuite. La témérité faite homme, habillée des attributs vestimentaires de l'époque n'était peut-être pas destinée à devenir l'entité qui allait hanter les grands écrans d'aujourd'hui, c’est fait après être passée par la technologie numérique. La concurrence était forte — et l'est toujours — mais il faut croire qu'une forme typiquement américaine de puritanisme culturel a mis le holà de façon anticipée à tout débordement outrancièrement spectaculaire. Le panel varié est devenu une auberge espagnole où tous les héros participent à la montée en puissance du spectacle. L'identité américaine empêche cependant une exposition trop forte à l'hémoglobine et aux corps ravagés par le déferlement de la puissance faite homme et c'est très bien comme ça. On trouve même quelques planches compensatoires d’où le charme n’est pas absent. En toute pudeur, of course !
L'exposition "L'art des super héros", organisée à Paris, jusqu'à la fin du mois d’août, permet de suivre l'évolution de cette saga d'entreprise et aux plus anciens, aujourd'hui décalés, de se faire une idée de la trajectoire et des progrès réalisés en la matière. Le succès est au rendez-vous pour quelques milliers d'aficionados experts dont l'âge s'échelonne en moyenne de 10 à 35 ans et qui y défilent depuis la fin du mois de mars. Les plus de 40 ans étant déjà complètement dépassés par le phénomène, il ne leur reste plus que le recours à leurs enfants ou petits-enfants pour espérer pouvoir refaire surface dans une réalité devenue référence culturelle contemporaine et à venir.
La performance, saluée par Marvel US, est d'autant méritée que cette exposition représente une page de culture collective et ludique devenue incontournable et qu'elle est effectivement très riche en iconographie et accessoires de qualité. L'apriori éventuel des quarantenaires n'a pas lieu d'être quant à l'éventuelle débauche de violence qui n'est que spectaculaire et somme toute bon enfant. On pouvait craindre des horreurs, en fait on a affaire avec une performance technologique, certes fatigante à suivre mais qui ne porte pas à conséquence. Cela permet aux parents qui quelquefois s'inquiètent de l'attirance de leur progéniture pour ce genre de cinéma-là et de BD, de constater que hormis l'apparence agressive des héros, les bonnes consciences américaines veillent… C'est donc plutôt vers un formatage généralisé des cultures de la jeunesse que l'on s'oriente, placées une fois encore sous la bannière étoilée.
Il faut après tout que jeunesse se passe et que vieillesse se fasse.

Patrice C.

"L'art des super héros"
Expo. au 34, quai d’Austerlitz, jusqu’au 31 août.

 

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