Gaza sur place : un pis-aller, par Patrice C.


Une tempête impuissante.
La France semble traverser une période agitée de sa vie quotidienne lorsque celle-ci est placée sous le signe direct de quelques manifestations fort légitimes mais dont, finalement, l'objet originel est loin d'être perçu.
Il me semble que l'on soit plus occupé à faire du bashing (devenu un incontournable effet de mode) du gouvernement qu'à se poser les vraies questions sur les problèmes à l'origine de ce qui ressemble plus à des occupations de presse qu'à une vraie interrogation sur les causes, les motifs et les origines de ladite campagne.
Le gouvernement essaie de gouverner, ce à quoi il ne parvient d'ailleurs pas ou si mal qu'il se met à dos de façon justifiée une grande partie du pays. Que Hollande ouvre la bouche et soit relayé par Valls, et c'est à chaque fois une pluie d'outrances. Certes, ils ne la volent pas, mais est-ce bien nécessaire de passer son temps (comme je le fais !) à tenter de comprendre, voire d'exprimer une opposition à leurs dires, car d'actes il n'y en a point ? Toute expression officielle est immédiatement jugée à l'aune d'un ressenti préalable immuable. Partant des faits, il est manifeste qu'il y a volonté d'être désagréable et de ne plus accorder le moindre sou de crédit à ce gouvernement.
L'occasion donnée par l'affaire de Gaza revêt tous les attributs occasionnels qui en font un buzz d'opportunité. Certes, se prononcer comme le fît Hollande sur son soutien à un Etat étranger qui se comporte comme un redevable de la cour pénale internationale, doublé qu'il fut par Valls refusant toute manifestation, dans le pays des Droits de l'homme, c'est un peu fort de café pour les citoyens français et très inattendu — encore que… — de la part d'un gouvernement "socialiste".
Bien sûr, nous sommes là dans une situation très marquée par l’affectif (justifié) alors que nous avons à domicile les deux communautés antagonistes qui s'affrontent de façon déloyale. Enfin, Barbès n'est pas Gaza et Sarcelles Khan Yunis ! Nous disposons donc de tous les ingrédients pour faire un explosif social par délégation et par affection.
Sans vouloir indiquer aux préposés la route à suivre, on peut penser que pédagogie n'est jamais superflue et que dialogue ne rime pas avec abandon.
Le savoir-faire imposerait que l'on revienne clairement sur les positions initiales sans pour autant se ridiculiser plus encore. Les manifestations, aidées en cela par la chaleur ambiante, ne faibliront pas, il faut donc l'envisager avec tact et professionnalisme avant qu'une escalade, souhaitée par certains, ne s'aggrave. Je ne suis pour ma part pas convaincu que d'improbables représentants d'hypothétiques indigènes de la République soient bien à leur place, eux qui prônent et représentent l'ethnicisme différentiel. Tout cela relève en grosse partie du détail, car le fond se trouve là-bas, sur place, et que c'est d'abord et avant tout là-bas qu'il faut résoudre si ce n'est la totalité du problème, au moins d'y mettre un bémol temporaire.
Le problème est connu. Il est historique et utilisé, manipulé. Depuis que les Etats ne représentent plus qu'eux-mêmes et qu'ils donnent d'eux l'image statique de leurs incompétences, il est bien normal qu'ils soient dépassés par leur base. Le relai prévu et institué par les nations se trouve de plus en plus démuni.
C'est donc à désespérer que de vouloir croire à une éventuelle amélioration. Ce conflit est désormais quasiment ancré de part et d'autre et on ne voit pas très bien ce qui pourrait le réduire. Si les Etats extérieurs ne sont pas capables de réagir collectivement, il faut de fortes poussées localisées de par le monde pour, qu'enfin, le bon sens général puisse l'emporter sur leur apathie.
Il serait donc souhaitable que l'on donne aux peuples la possibilité de s'exprimer à hauteur de l'ignominie ressentie pour qu'enfin l'écho porte jusqu'à sa destination. On peut légitimement en douter vu le contexte politique sensible et douter du résultat tant la situation, sur place, est ressentie et vécue différemment.
Patrice C.

 

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