1er mai, la gauche syndicale porte sa croix
Syndicats boursouflés.
Sous la pluie parisienne, quelques
syndicalistes de profession et vagues militants politiques aux idéologies en
berne vont défiler, comme d’habitude, de manière éparpillée.
Les plus nostalgiques rêvent du « grand soir » au sommeil de leur foi,
l’esprit de sérieux en bandoulière et la morale d’acier qui vous condamne d’un
seul mot : traitre, oisif, jugent-ils.
Les autres, plus concrets, préparent en sous-main de fertiles négociations pour
une place au chaud de la carrière politique. La plupart font procession sur leur
jeunesse, la Vierge brandie en moins.
Quelques paltoquets besogneux ont
mission de vendre des brins de muguet pour remplir les caisses de leurs partis
respectifs. Ca vous passe mieux entre les mains que les journaux
révolutionnaires, ces fruits de longues resucées dialectiques où l’analyse
finale sert l’éternelle domination du véritable chef qui guide les doigts du
rédacteur.
Dans les années 1980, les repères
sonores des matins du 1er mai affichaient la gloire de la
révolution. Des militants butaient sur le défilé de Moscou quand d’autres –la pensée binaire perdure, seul trait commun
trente ans plus tard‑ vouaient leurs slogans à telle ou telle cause à la
mode du moment (Pologne, Chine, Kurdes,
Nicaragua…).
A l’heure du petit noir et du
premier flash radiophonique, en 2015, ne reste plus qu’un pâle micro-trottoir
sur le vendeur PCF de muguets à 1 euro sous la pluie, le rassemblement de
Jeanne d’Arc et les cortèges merguez des salariés des syndicats en ordre
dispersé.
La messe est finie. Le syndicalisme
de lutte des places a fait son temps… laissons le blues folklo-marxianiste à ceux qui l’instrumentalisent : une fausse
note de mauvais riff, un goupillon au service des sabras d’une gauche sans
imagination ni pouvoir.
LSR
Commentaires
Enregistrer un commentaire