Paris se meurt (3) et traîne des pieds...


Paris se meurt (3).

La foule s’attendrit des marcheurs sous les banderoles. Ils rejouent les scénarii contorsionnés de leur prime folle jeunesse; ils sur-jouent ce temps des espoirs communautaires et claniques dans quelques groupuscules politiques aux intentions instituantes pour se fondre dans un avenir perpétuel à leur profit.

Tous ces drilles scandent derrière le SO syndical leur refus de la misère, de la guerre, de la fin des 35 heures à l’hôpital, leur opposition à telle ou telle contre-réforme dont les héros socialistes ­ (qu’ils jettent toujours au pouvoir avec leur bulletin d’assoupis) ­ sont les meilleurs champions de la régression généralisée.

Sur les trottoirs vers République, quelques mendiants fouillent les poubelles de commerçants entre les vendeurs de merguez, canettes à la main, sûrs des quelques pièces qui tomberont dans leurs mains à la faveur de componctions solidaires, fraternelles et bienfaitrices en ce jour de manif’.

Qu’à cela ne tienne. Nada

Les canailles sont blousées !

Les manifestants ne les regardent même pas.

­ << Un mendiant, ça n’existe que dans la machine cérébrale du militant de gauche, pas en vrai », dirait un critique assermenté de la gauche institutionnelle.

Bien sûr, il y la petite dame cramoisie, vous savez, l’habituée de Richard-Lenoir qui récupère bien un titre restaurant et deux-trois cigarettes… elle ne rêve pas, on ne lui a pas filé le briquet qui va avec.

­ << Et p’is je fume pas. C’est pas à 66 balais passés qu’j’vais me mettre à cloper, à me bousiller la santé… pour c’qu’je la bousille d'jà la nuit dans mon carton… ».

Même endroit, j’ai souvenir d’un groupe de militants marxistes, de purs et authentiques dialecticiens, des prompteurs du DIAMAT (*) et de la leçon de communisme d’union de lutte à tout bout de chant stalinien. Ils n’avaient que mépris pour la « racaille », la « canaille », le « lumpen-prolétariat » forcément des suppôts instrumentalisés par l’ennemi.

A l’envers, j’ai souvenir d’anars dûment estampillés sous cette étiquette de gloire dorée dans la branchouille qui, eux, encensaient les alcoolos de rue, qui cassaient pour que dalle, qui allaient même faire un séjour en zonzon après une vague démonstration éthylique contre l’élection du « fasciste Sarkozy » comme ils disaient. Les encenser, ça ne mangeait pas de pain. Surtout pas le leur !

Dans la vie, il n’y a pas que les marxistes et les anarchistes qui se tirent la bourre. Il y a tous les autres. Les socialistes sont les plus mignons. Ils agitent des fétiches… comment dirais-je, les Hidalgo de la dernière débine avant la javel déversée sur toute la ville…

LSR

 
(*) DIAMAT, pour matérialisme dialectique, une branche de la ratiocination la plus évoluée du marxisme de chaire.

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce qu'est le syndicalisme libre & indépendant du macronisme-patronat

Aristote à Chartres (statuaire)

Malheur à toi permanent syndical de peu ! (tu ne sers qu'aux fiches policières)