Lutte contre l'analphabétisme de nos administrateurs politiques


Ah que ne lisent nos élus de rapports sur leur incertitude d’être…

La prédisposition à l’analphabétisme chez nos élus politiques les rend ventriloques. Ils répètent les schèmes dont ils croient qu’ils ont fait leurs preuves de toute éternité. De rapport en rapport, de note en notule, ils administrent. Mieux, ils singent la compassion (à l’aide des notes de leurs conseillers) derrière des cravates toujours plus scintillantes qu’elles se portent selon une mode inversement proportionnelle à la montée du bon goût. Tony Blair ne sera jamais aussi élégant que le Prince Charles !

Souvent, par exemple, les internautes et plus généralement les « observateurs » remarquent la cravate de travers de notre bon président de la RF. Magnanime, celui-ci en a fait sa marque de prestige.

Dialoguer ainsi sans fin sur le port d’une cravate nous livre sans vergogne ­ non sans tristesse ­ l’occasion de rabrouer nos mécontemporains en leur faisant remarquer que, justement, si l’on s’attarde à quelques détails physiques ou d’apparence sur nos ventriloques au pouvoir, c’est bien parce que ceux-ci ont orchestré leur propre néant pour mieux nous détourner du contenu de leurs communications, de leurs discours poreux, de leur idéologie commune.

François Hollande président a tenu à marquer le coup de sa volonté de devenir président en maigrissant avant de monter à la guerre des urnes, quitte à crier son régime sur tous les toits des sièges des télévisions. Maigrir pour affirmer une volonté politique, en voilà une qu’elle est bonne…Ségolène Royale, en route pour batailler contre Nicolas Sarkozy, en 2007, entendait purifier l’air partisan par des tenues d’un blanc virginal. Quant au précité Nicolas Sarkozy, la gestuelle saccadée parlait pour lui : il en croque, il en veut…

Nos ventriloques s’amusent entre eux. Les principaux bénéficiaires de leurs effets spectaculaires sont les boites de com’ qu’ils rétribuent infiniment. Pensez-vous, en ces temps de disette pour confier une direction historique véritable au pays, c’est un vrai métier que de pérorer durant des heures pour choisir le mobilier d’un studio télé, l’harmonie entre les lumières en plateau, le décor et le choix de la cravate.

L’analphabétisme de la population est dès lors plus que souhaitable du point de vue du cénacle politique. Si les citoyens avaient des lettres au bout des neurones, ils ne voteraient pas avec leur intestin grêle (leurs pieds, sic).

La ventriloquie de nos chers élus politiques, tout comme celle de ceux qui aspirent au « job », a ceci de merveilleux qu’elle illustre des pans entiers d’une certitude bien fondée : on ne s’en sortira pas avec pareille engeance du stock humain.

Que faire, répondrez-vous ?

Rien de plus simple dans un premier mouvement. Il convient en premier lieu de déciller ses yeux, les chausser au besoin de bésicles et lire un peu. Non pas les vieilleries actuelles sur les étals des libraires dont tout le monde parle, mais les essais les plus répandus dans le catalogue d’une bonne bibliothèque de science politique. Retenons quelques classiques : Aristote, d’abord, pour saisir ce qu’est l’être social dans les conditions de sa socialisation destinée à pourvoir au bien commun. Viendront ensuite saint Thomas et saint Augustin pour saisir les distinctions ultimes qui marquèrent toute l’histoire de France pour la naissance progressive de l’Etat moderne dans la querelle entre auctoritas et potestas (notamment en lien avec la recherche du roi féodal sans grand fief désireux de bâtir son dominium). Un jurisconsulte tel Jean Bodin sera alors généralement conseillé à qui veut cerner les finesses de la théorie de la souveraineté entre puissance de commandement, puissance absolue, puissance indivisible et puissance perpétuelle. Pour le reste, tel un Serpent d’Aaron qui enserre tous les autres reptiles, je ne délivrerais mes soulagements à vos yeux éblouis qu’à la condition que vous saisissiez que rien ne sert de sourire ou s’époumoner devant les ventriloques politiques, mais bien de travailler soi-même un peu.

Résumons-nous (ensemble) :

-     Je deviens conscient du commerce spectaculaire-marchand de la chose politique ;

-     Je ne commets plus d’autres sarcasmes qu’en ayant conscience que je suis coresponsable de la chienlit politique de notre pays ;

-     Je lis des livres ;

-     Je lis des livres, crayon et papier à la main ;

-     J’accepte de souffrir un peu de me désintéresser de tous les Musso de la pensée politique pour glaner au moins quelques feuilles de nos lointains architectes de la rumeur théorique qui fonde encore notre temps ;

-     Pour le repos, je me soigne avec une nouvelle de Maupassant, une histoire désobligeante de Bloy, un roman fou de Ganachaud et même un haïku de Kerouac… mais en gardant à l’esprit que du repos, je sais qu’il viendra assez tôt une fois couché dans la tombe déchiqueté par les vers ;

-     Nota pour les tourmentés de l'illusion de l’action pour elle-même leur ôtant de la sorte l’abime intérieure qui les émascule : ce second mouvement n’est que le leurre de qui ne remplit pas le cahier des charges du premier.

Le Serpent d’Aaron

 

 

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