Insignifiance de l'empire du Bien


Portée aux nues ces derniers jours, l’insignifiance pèse de tout son fardeau par un usage immodéré de préciosité mêlée d’abnégation médiatique. Entre autres non-informations cumulativement traitées par la presse en folie, Cannes fait son festival cinématographe, des balles jaunes sont toutes prêtes à Roland-Garros, le bac commence à refaire parler de lui, les profs sortent dans les rues pour un round d’observation complice… les actrices ne sont jamais seules pour exhiber, nonchalantes, un sein sur le tapis écarlate de la communication m’as-tu vue et bien vue à la télé

Le Bien l’emporte toujours.

Le Bien reste serein.

Désincarné, le Bien sert les plats aux uns et aux autres, sans rechigner entre les contradicteurs, les opposants, les adversaires. Le Bien ne regarde pas à la dépense de ses biens : il s’offre sans y penser. Sans même interroger ce qui le couvre entre l’éthique, les stucs et les tics de langage, puisqu’il est tout cela à la fois : éthique en stock sur jaquettes en papier-glacé, le Bien s’affiche aussi bien tout autant en haut du mirador qu’au building de verre des capitales des métropoles les plus assurées d’assurer un revival de business pour les créatures en mal de distinction parmi toutes les autres créatures.

A part les starlettes sur le tapin rouge, les ventriloques politiques programment en boucle leurs exigences d’instincts grégaires par une répétition adhésive et sommaire. Eux ont l’insignifiance en paroles et en actes. Ils triomphent dans la sidération et le sentimentalisme dès qu’une catastrophe leur impose de la commenter au débotté. Pour autant, c’est encore l’empire du Bien qui dicte à nos ventriloques leurs verbes conjugués, de pâmoison en patenôtres insipides sur la démocratie, la participation, le projet, l’avenir, la loi et l’intérêt (bien compris) commun.

L’insignifiance consiste à ne jamais oser en osant tout, à dire haut ce qu’on pérore par chuchotis, à regarder à la dépense dans la mesure…

L’insignifiance domine le monde par son régime autocratique, unitaire et total de Bien parsemé sans condiments inutiles.

LSR

 

 

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