Fuyez devant l'Empire du Bien - Tout programme politique vaut répulsion


Le Bien vous veut (mort ou vif) captif et solvable.

Le Bien est un programme politique pour l’Empire. Sans son extravagant déploiement, l’Empire n’aurait d’autre solution que la solution coercitive permanente ; l’Empire préfère les douceurs passagères et affichées. Suivez le guide du suprême souterrain...




Exemple type de la récupération classique de l'Empire :
sous prétexte d'amour cosmique pour la
poésie prompte à s'attirer tout le bien de l'intello
épilée du maillot & du barbu à vers, le Bien vous somme à l'insurrection !
(crachat volontaire sur le printemps en vue
d'un > hiverdesmorpions.com ashtagé par
# procession-rampante-poetique)

Le Bien s’articule souvent avec la compassion de façade. Combien sont méchants nos contemporains, non par instincts mais par développement d’une société qui les pousse à se multiplier en autant de figures du sujet qu’il est pluriel par essence socialisante. Le sujet doit être viril, féminine, fort,  forte, branché, cuisinier, père et mère attentifs ; le sujet doit prévoir l’avenir dès son entrée en « vie active » en pensant à s'offrir son logement, sa santé, sa retraite, sa mort… tout prévoir, cultiver la prévoyance complémentaire, ce marché juteux de la tranquillité dans le Bien.

Pour assurer ses arrières, le sujet contemporain sait qu’il n’a pas d’autre choix que lutter contre ses concurrents, c’est-à-dire tous les autres. Tous les autres au travail, tous les autres au club de sport, tous les autres dans le syndicat, tous les autres à l'université autonome, tous les autres dans le quartier, tous les autres dans l’église, tous les autres dans l’immeuble. Et même tous les autres dans sa famille. Cela le rend quelquefois aigri et plus méchant encore. Car le sujet intériorise son incapacité à répondre à tous les critères du Bien.

L’Empire n'accepte le sujet que robotisé dans son programme. A défaut, l’Empire le lobotomise gentiment dans le miel des bons sentiments qui lui servent de paravents pour se considérer comme brebis parmi les loups.

« Aller de l’avant » signifie rouler des mécaniques devant l’adversité formée par tous les autres et la casuistique réifiée de l’existence administrée. Voire administrative. La paperasserie est au contrôle social ce qu’est le bracelet électronique au condamné à rester à sa place sous ordonnance du juge.

 L’Empire du Bien transforme le naïf en commerçant de son existence. Louer, vendre, acheter, produire et se reproduire deviennent les antiennes inconscientes des sujets-rouages de l’Empire. Au nom d’une administration qui n’avoue jamais son règne technique pour le compte de l’Empire, le Bien entend traiter toutes les affaires de la vie sociale du sujet. Pire, de sa vie intime… alors que le sujet se croit à l’abris derrière ses murs, ses écrans, toute son existence pixélisée qu’il imagine comme autant d’espaces de liberté dématérialisée ; il a la bonne conscience chevillée en lui de prétendre qu’il sait que les flux internet agissent là telle la seule bouée avant de couler tout en s’intimant de se restreindre devant le facteur policier de l’activité internet. Définitivement, le sujet de l’Empire a intégré son servage qu’il utilise contre lui-même au premier chef, se livrant cerveau et mains propres à sa propre coercition administrée… par lui-même.

Derrière l’extrême gentillesse de visage de l'autre se dissimule souvent les intentions les plus retorses qui soient. Manœuvrer la réalité devient un jeu auquel s’emploie le sujet de l’Empire.

Le Grand jeu face à l’Empire est de contourner le jeu non par refus d’y participer mais tout bonnement en ignorant le jeu lui-même. La ruse de l’Empire est l’amalgame tous azimuts. A preuve, voyez ses adversaires auto-proclamés : ils deviennent des héros de l'underground brillantissime avant de devenir des rouages de l’institutionnalisation de l’Empire.

Prenez le syndicat le plus virulent d’une entreprise lambda ayant pignon sur rue et puissance publique ; le sujet syndicalisé n’a pas l’âme de rester un atome du Capital humain de ses patrons : il « monte au créneau » (suivez l’expression, elle est usée jusqu’à la corde dans toutes les institutions syndicales de toutes les régions de l’Empire), il monte un syndicat, il élabore des revendications, il projette des élections internes en respectant la législation en matière d’institutions représentatives du personnel, il négocie sagement ou pas du tout. Parce qu’il participe au jeu qu’on lui ordonne ­démocratiquement de respecter­, le sujet assume sa sujétion dans le marquage à la culotte de la règle, en restant dans les clous de la négociation collective (elle aussi démocratique), parfois en créant les conditions de la rupture… jusqu’au moment où il est broyé ou de coutume acheté. Ne me comprenez-vous pas ?

Prenez Dany Cohn-Bandit, dit « Dany le rouge » dans la mythologie des bâtards énucléés de 68. Sûr de son bon droit, conscient de pouvoir tirer les marrons du feu de sa parfaite connaissance du milieu où il grenouillait, à l’aide d’un vocabulaire technique mi-sociologisant, mi-pseudo-révolutionnaire, Dany a cultivé le coup de gueule, l’esclandre d’estrade et le culot de marier les (faux) contraires (mais vrais semblables en salons) en nourrissant des dialogues sans fin, sans autre fondement que donner du grain à moudre pour la perpétuation, voire l’accélération du regain pour l’Empire du Bien. Chassé de France par les sbires de Gaulle, avec l’appui du PCF, il a misé sur le local pour aller vers le global. Francfort devint sa terre, son lieu d’élection, son péril jeune dans une activité d’éducateur. Puis, fort d’une reconnaissance pour laquelle il n’a pas eu grand mérite de lutter, car elle lui était acquise d’avance en ayant été le fantoche des PCF-CGT durant les « événements », il a su briguer des mandats européens où, à coup de petites provocations bigarrées, sa parole l’a conduit à rajeunir des journalistes onanistes en mal de révolution dans leurs slips. Désormais rangé des mandats à l’UE, il gesticule devant un microphone pour le foot, la colère, le vin, l’Allemagne et j’en passe…

Pas tout le monde n’a les compétences pour se faire voir et reconnaître par les organes dilués de l‘Empire. L’Empire est anonyme car il est la multitude des intérêts à la fois égoïstes et solidaires ­du moment qu’on en fait du beurre­, des regroupements informels d’institutions et conglomérats à la fois politique, économique, religieux, entrepreneurial, sportif, musical, cinématographique, télévisuel, abbatial, etc. Du moment qu’il y a intérêt, intérêt instrumental et intérêt à gloser et se dorer la panse au soleil de l’étalon-or et jouir de soi, il y a règne d’une bribe impériale pour le programme du Bien.

Aussi, lectrices, lecteurs, ne vous cachez pas la conscience derrière votre moelle épinière : aussitôt que vous entendez des paroles de bonne facture pour la solidarité, le bonheur, le bien-être, l’avenir meilleur, de vos enfants, de vos amants, la lutte, la résistance, le collectif, la victoire, la rente et surtout les lendemains jouissifs et la pensée conformiste de tout le Bien répandu en une glue informe, eh bien fuyez… fuyez vite.

Surtout, que ce vieux monde morbide ne vous rattrape jamais.

Contournez le château, puisque vous n’en seriez que d’éventuels valets.

Lectrices, lecteurs, tout programme politique provoquera votre répulsion heureuse, telle serait la maxime du jour.

LSR

 

 

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