La mondialisation heureuse


De mal en pies.

Les petites voleuses des gangs de l’Est retenus aux pourtours des périphériques des villes ne savent plus quoi inventer pour glaner quelques menues monnaies.

Normal. Les chefs exigent toujours plus. Si elles ne ramènent pas le soir une certaine somme, des claques. Au bout d’une semaine de maigres profits, des coups de schlague sur les reins.

Les petites mains du vol s’organisent alors. Elles pétitionnent pour la cause des enfants dans le monde, elles s’assoient au milieu des trottoirs avec des enfants en bas âge aussi sales que la pitié l’exige quand les plus jeunes par chapelets distincts arrachent des sacs ou plongent d’habiles mains dans les vestons.

Misère généralisée où les uns triment dans des salaires décroissants, d’autres jonglent avec les fins de mois le 15, entre RSA-socle et émoluments pourboires, quand d’étranges anonymes vivotent du deal et de débrouilles diverses si ce n’est l’étudiante qui vend sa chair pour se payer son restau-U et un nouveau smartphone.

Misère politique en sus de tout cet impensé de l’action, de cet impensé d’une dégénérescence organisée par le fantasque marché anarchique duquel nos paisibles gouvernants autoproclamés par un peuple bêlant son bulletin de vote, comme de sa première dent de lait tombée, la voie demeure étroite : au chaos rime le souvenir des retombées de la guerre civile qui vient. Les vivants sont déjà morts.

Hormis le souvenir que la paix dans le sang reviendra, car après l’hiver le printemps ressurgit de toute éternité, je le confiais à Clotilde, l’histoire inapaisée étincelle de ses feux dans la broussaille et les ordures ; il s’agit de nourrir la bête ou résister par l’écrit le plus cru. Pas le choix.

Les petites voleuses s’en retournent au pays. Certaines, parmi les moins moches, iront tapiner de Milan à Bonn, en passant par Paris et Bruxelles, selon les plans des proxénètes qui, eux aussi, suivent les humeurs de l’anarchiste marché de l’éjaculation marchande et clinique, rapide et dissimulée à l’arrière des sous-bois.

Quelques-unes, revenues d’entre tous les tourments, tenteront bien de décliner une experimentum mundi. Personne ne les écoutera. Mais les Africaines, mieux organisées dans le tapin international par groupes structurés, surveillées de près par des nervis, leur tomberont dessus aussi sec. Pas de quartier, le territoire est une lutte terrible pour sa conservation de quelques mètres-carrés.

Ailleurs, par un soir de froidure, sur les Maréchaux de Paris, un ouvrier Polonais payé 280 euros par mois sous contrat de travail chypriote et travaillant pour le compte d’une entreprise franco-italienne basée au Luxembourg qui loue sa force de travail à une société franco-allemande du BTP, cuvera la piquette espagnole que le conducteur des travaux Portugais distribue à l’œil le vendredi soir… seul, toujours seul avec ses images du pays du temps où il rêvait à la chance du capitalisme pour toutes les initiatives individuelles, il ira se taper deux minutes d’extase du néant dans la bouche d’une Congolaise, à deux pas d’un tabassage en règle de deux Roms par deux Gitans sous le pont de l’autoroute. Mondialisation heureuse, n’est-ce pas, camarades socialistes des années 90 ?!

Depuis sa nichée, la pie mate le si médiocre rat des airs, ce pigeon des villes émerveillé par les lampions du destin de l’histoire moderne. Il tourne le monde, il tourne…

LSR

 

 

 

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