Lettre à l'apprentie journaliste Clotilde sur l'infect "L'Obs" et la saga désastreuse de ses financiers gauchos, par LSR


Comme l’héroïque Chloé si céleste de 1947, sise dans L’Ecume des jours du jazzman Boris Vian, Clotilde m’interroge sur le Nouvel Observateur devenu, au fil de l’artifice d'une science infuse de l’identification visuelle L’Obs., dans le cadre d’un boulot pour sa fac. Intelligente blondinette aux yeux clairs et déjà acérés sur l’existence en mitan journalistique, la jeune pousse de Déméter aspire au travail. A un vrai et bon travail qui sent l’encre, avec des taches noirâtres sur les mains. Vous l’avez perdue, vioques lecteurs, cette odeur de moisi des salles de rédac' où le swing d’Artie Shaw envoyait valdinguer les gros lourdingues du service des sports tout contre les talons aiguilles des piliers des zincs politiques. Dont acte.

I’ve Got That Tune et l’allégorie chafouine peut démarrer.

 

Clotilde,

La prochaine fois que nous nous verrons, je vous confierai quelques autres bons mots sur la mirifique et enivrante existence des gens de presse. Vous m’interrogez sur le trio qui a repris L’Obs. C’est parti… mais d’abord, faisons péter le Champomy, je veux glisser sur une histoire triviale.

Hier soir, ma colère froide fut portée à son comble à la suite d'une énième crevaison vélocipédique : en deux temps, trois mouvements, puisque mon vélo est récent, j'ai menacé de contentieux le magasin de sport. Ce n'est pas une question d'argent, mais bien contre celle d'être pris pour un imbécile par les industries désastreuses.

De nos jours, comme avec la presse papier insipide, à peine met-on le pied dans un commerce est-on arnaqué. Mon camarade Patrice m’en a soufflé la teneur des risques. L'Obs, oui, oui... il est devenu illisible. Même ses dossiers (marronniers) sur l'immobilier font peine à les scruter d’un œil torve ; ma grande amie (de taille) juriste dans l'immobilier assez gradée dans la pierre et le m2 sous vide me souffle régulièrement (sur l’oreiller qu’elle aimerait tendre à ma terrible nuque sans y parvenir) que l'ensemble des pages des news (beurk, quel horrible mot !) atteignent des sommets d'incongruités au plan juridique. On y présente à la hâte les lois en vigueur, mais rarement leurs conséquences. Ce sont des dossiers grossiers conçus pour être "pratiques" et ils ne le sont guère. En réalité, L'Obs me fait penser aux pneus made in China de mon vélo pourtant dit "de conception française". Le cadre est bon, solide, mais on crève tous les 25 kilomètres et on finit à pieds rincé, épuisé, démoralisé et ensuite combatif pour passer à autre chose. On économise chez ses vendeurs par des pacotilles en allant au moins-disant technique, au vite produit par des salariés-esclaves outre-continent.

Depuis le départ, au printemps 2014, du principal financier historique Claude Perdriel de L’Obs. (le fameux industriel en papier toilette... ça ne s'invente pas ! mais aussi de pompes et Sani-broyeurs) qui jouait ainsi au "journaliste" éclairé de gauche, le landernau du papier glacé s’émeut. Avant d’aller plus loin à l’aide de mon scalpel, juste un petit mot sur les exploits de Perdriel. Notre homme adorait tellement la presse qu'il a longtemps caché, lui aussi, qu'il a fait son beurre dans le minitel rose, le porno soft, la boucherie de mots avec des salariés sous-payés chargés de rédiger des phantasmes bas du nombril à des cochons de payeurs sous carte de presse qu'ils obtenaient plus facilement qu'on ne l'obtient de nos jours. Bien entendu, il a fait toutes les campagnes politiques en sous-main du très socialiste François Mitterrand. Au régal des monte-en-l’air, le chibre… toujours.

Le trio dit BNP (comme la banque parce que d'ailleurs leur gestionnite s'assimile à un jeu de quilles de mobilisation des capitaux, Bergé, Niel et Pigasse) s’est emparé du titre et poursuit son processus de mise en coupe réglée de la presse soi-disant d'opinion (Le Monde, L'Obs, Rue 89...) :
{en vrac} réduction martiale des effectifs, augmentation des pages de pub, externalisation du rédactionnel, ou plutôt de "publi-information" qui n’avoue pas son nom, précarisation des journalistes intermittents et embauchés au mieux sous forme de CDD ou recours à des stagiaires, amaigrissement drastique des budgets "reportage" et "enquêtes", vedettariat clownesque de quelques-uns de ses aventuriers directeurs et éditorialistes dont le vide intellectuel sériel plonge tout lecteur-auditeur-téléspectateur vivant dans l'amertume liquide d'entendre de telles inepties qui eurent été mieux ânonnées par quelque Salamé ou quelque Nabila seins nus siliconés au soleil entourées par des Joffrin faisant la gonflette en bord de piscine pour plaire aux minettes et minets écervelés, passage au "tout-tablette", au "tout-internet", au "tout-numérique" avec les mêmes photos shootées par des agences qui les vendent à tous et qui les publient sans vergogne comme un seul homme, le même sens du ridicule autour du traitement des pages politiques comme on traiterait du dernier salon où l'on cause du vent, de la pluie et la crème de jour sur la tronche de Ségolène Royal, les mêmes livres chroniqués, les mêmes unes enthousiastes sur Juppé, les mêmes accroches creuses sur sainte Taubira...

Le trio BNP participe de l'abêtissante industrie culturelle pour favoriser l'émergence de l'homo festivus qui ne sait plus ni lire, ni écrire, ni penser de manière autonome et qui se trouve corrompu par de zélés serviteurs politiques en mode gestion de la crise structurelle du capitalisme morbide et anarchiste. Ce trio remplit fort bien sa mission de décervelage généralisé, chapeau les artistes !, le petit doigt en l'air de l'un, se piquant d'être un homme de haute culture en matant les chutes de rein des jeunes éphèbes employés pour leurs capacités manuelles, et les pognes lavées dans les bourses à chausser leurs bottines cirées avec les pages du code du travail des deux autres.

Le trio BNP est un désastre pour la pensée critique, un cul de basse-fosse pour l'information qui ne remplit pas même son rôle de base qui est d’in-for-mer... oui, le trio BNP est à la presse ce que mes pneus sont : du bas de gamme tape-à-l'œil et inefficace, à changer illico presto pour du Michelin racé ou du Goodyear tempétueux pour assurer dans les courbes. Autrement dit, plutôt lire un Roger Nimier ou un bon vieux Kant de derrière les fagots lors de la flambée du soir, une tasse de thé noir de Chine fumé et Vanille de Louisiane dans l'autre main.

(…)

alors quand je vois cette débauche de fric pour des titres nationaux qui ne méritent même plus d'être encore inscrits dans leur propre histoire en tant que titres du fait de ce gâchis d'argent et d'humains perdus, je me dis que nous vivons une très pénible époque et qu'il est bien temps de songer à prendre à nouveau les armes des petites choses, des petites revues pour tenter, j'écris bien tenter, de conserver l'étincelle de ce qui ne doit jamais disparaître : la place du sens à remettre sur les pieds afin que nous ne chutions pas trop vite dans la guerre civile qui se précise chaque jour davantage, avec son règne du "tous contre tous" hélas à l'œuvre.

Profitez bien, Clotilde, de votre séjour avec votre heureux père en Isère. Les pères sont très importants de toute éternité pour toute femme.
Heureux homme, car il a bien de la chance de vous avoir pour progéniture prometteuse : vous avez l'énergie, la curiosité, le sens critique et vous parviendrez à réaliser vos vues, à condition de connaître l’histoire fluette de ces pneus crevés de la presse et d’en oublier très vite la surréalité. La lutte pour votre insertion sera évidemment très difficile dans notre situation social-historique, mais vous ne lâcherez jamais. Je le devine, Clotilde.

Le Serpent Rouge

 

 

 

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