Le "mariage pour tous", une mode, un apprêt petit-bourgeois reproducteur du dogme nihiliste (1), par Raoul Bidard


Dans le train de 22h19, direction Nevers. Lundi 15 février.

Le train démarre de Gare de Lyon sur des ballasts refaits à neuf. Au bout de quelques minutes, un grand jeune homme tout noir, oreillettes naturellement vissées dans ses appendices vient me voir. Il s'installe à deux sièges de moi.

- Je peux vous parler d'un ami ?

- Oui, si vous avez besoin de parler.

- J'ai reçu un message et je dois vous parler.

- Ah, qu'ai-je donc fait ?

- Vous êtes bon, cela se voit, devenez meilleur encore en suivant mon ami...

- Je ne connais pas votre ami, l'interrompis-je trop abrupt.

- ...notre ami Jésus. Surtout si vous vous apprêtez à mourir.

- Je ne pense pas que la mort veuille de moi ce soir.

- Mais vous allez mourir.

- Vous aussi, nous tous.

- Oui, mais vous avez vous une mission à remplir pour l'arbre de la connaissance.

 

Cela a duré jusqu'au premier arrêt, soit au bas mot une vingtaine de minutes hyperréalistes.

Une jeune femme installée derrière ma banquette, hilare, brune, décolleté un peu trop avenant à mon goût sur des seins généreux retenus comme le font toutes les filles du Maghreb entichées de pratiques espagnoles -si vous voyez l'image-, bouche gourmande et longues mains, riait de bon cœur après le départ du garçon, ce grand étudiant d'ébène en commerce dont j'ai de suite, et le lui ai dit, cerné son adhésion aux évangélistes.

Est-ce l'ange noir annonciateur de la mort ?
Est-ce le messager de Dieu qui m'incite à prendre le glaive ?
Les oreillettes sont-elles connectées à Jésus ?

J'en ai vite causé à la demoiselle passée de l'hilarité au charme de ma conversation badine sur Dieu partout, intelligence nulle part...

Le train parvient à F.. Elle avait oublié qu'elle descendait.

Stupeur.

« Je veux vous revoir... je n'ai jamais croisé quelqu'un comme vous, si bon, si drôle et déstabilisateur avec un jeune qui vient vous parler religion... donne-moi ton numéro ».

Pas eu le temps. Elle a couru pour que la porte ne se referme pas devant elle.

Après le messager, la tentatrice... en un seul trajet par train.

Marie dirait : Dieu ou les fesses à l'air de Marie-Madeleine en toute non-discrimination.

Raoul Bidard

 

 

 

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