Le millefeuille résiduel, par Patrice C.

Le millefeuille résiduel
 
 
La France est administrativement construite en une succession de couches socialement et formellement réparties sur tout le territoire de façon gigogne. C’est de cette façon que le bonapartisme a succédé au jacobinisme.

C’est ainsi que les quelques soixante millions de Français sont ventilés en vue de mieux les identifier administrativement et de les pourvoir des mêmes avantages et du même traitement égalitaire. C’est du moins de cette façon que cela peut être présenté initialement. Ce gâteau n’a pas empêché la survivance des cultures régionales et des identités diverses. Tout un chacun savait donc qui était qui et où il se trouvait. A commencer par les diverses administrations.

La pléthore de population a nécessité des structures sociales adaptées au plus grand nombre. C’est ainsi (entre autre) qu’ont poussé ces villes champignons qui recueillaient le trop-plein d’habitants des villes. Ce mouvement s’accompagna d’une rupture sociale. C’est aussi comme ça qu’on constitue une société annexe, une société bis.

Après les diverses strates qui avaient fait leur usage et prouvé leur utilité, il fallait désormais en créer une nouvelle qui soit appropriée et pas dégradante. Croyait-on. Depuis peu et après les appellations de ville nouvelle et de banlieue, on en est venu à l’appellation de « quartier ». Cette dénomination, qui n’est pas sans rappeler le terme militaire de casernement, n’a vu le jour qu’après que furent usées les appellations précédentes, et ce pour des raisons sécuritaires dues à la violence que cette ghettoïsation de fait n’a pas manqué de créer. On ne pouvait plus décemment confondre les classes moyennes migrantes avec des « apaches » récemment exilés et qui se comportaient comme tels sur leur territoire. Les « quartiers » ont rapidement pris le dessus numérique sur ces charmantes villes nouvelles et sont ainsi devenus le terme générique — parfait passe-partout — qui désigne désormais des espaces urbains en zones de régression sociale et en terre d’aventure.

Le bon chic sémantique a donc transformé des cités saines en zones tribales peu recommandables. Là aussi, c’est d’un pratique — toujours administrativement — à toute épreuve et la connotation péjorative que cela comporte ne peut que renforcer le sentiment d’abandon et de mise à l’écart, donc de fait l’aggravation de la situation en même temps que le renforcement de zone de non droit.

Les politiques parlent de nettoyer le millefeuille, qu’ils commencent donc par toiletter leur langage et de ne pas fractionner et étiqueter à la va-vite les concitoyens dont ils ont la charge.
 
Patrice C.
 
 

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