Armand de Las Cuevas, un nom du sport en guise d'exemple
C’est sport
– Armand de Las Cuevas, la vie l’a repris.
Au début des années 1990, un
champion cycliste Français entretenait tous les espoirs de victoire sur le Tour
de France : de Las Cuevas. Un de plus en période Jaja, Lino, Virenque, Leblanc,
Bourguignon…
Les journalistes de la pédale, vous
les entendrez sous quinze jours, ne cessent jamais l’été revenu de s’interroger
sur ce dramaticule précieux, que dis-je, la question de l’essence ontologique
du Tour : quel Français peut l’emporter sur les routes de France, à la
pédale ou en montagne ?
Très croyant, dévot quasi-extrême et
particulièrement superstitieux de par son épouse, Armand de Las Cuevas s’est
fait connaître dès 1986 en emportant le Tour de Lorraine des juniors. Champion
de France sur route en 1991, vainqueur du Grand Prix de Plouay, de Las Cuevas a
remporté la Classique de San Sebastian et une étape contre-la-montre du Tour
d'Italie 1994 en 1994 et le Critérium du Dauphiné libéré en 1998.
Avec seulement trois participations
au Tour de France, en 1992, 1994 et 1995, malgré l’attrait des médias et sans
doute trop d’espoirs–trop de pression sur ses reins, quatre participations,
quatre abandons au Tour d’Espagne, Armand de Las Cuevas illustre parfaitement l’impossibilité
pour un homme de réaliser ses rêves dans des conditions sportives exclusivement
tournées vers la scénarisation télévisée à des moments clefs, pour les courses,
de l’apparition des directs.
Un peloton, vous le savez, est un
groupe compact de coureurs causant, plaisantant, peu solidaire… sauf quand les
caméras mettent le rouge du passage à l’antenne. Là, il faut « mouiller » le maillot, « faire » l’étape, butiner le plaisir
des annonceurs, sponsors et intérêts hautement commerciaux des directeurs des
équipes et courses.
Perpétrer le spectacle suppose le
respect de règles internes au « milieu ».
Armand de Las Cuevas ne les a visiblement pas toutes suivies. Respect des
usages dopants de l’époque, hiérarchisation imposée (par exemple, on ne roule pas sur telle échappée sans les ordres d’un
chef), déférence envers les petits maîtres de la route, répondre aux seules
questions des journalistes accrédités. C’était le temps du règne de Miguel
Indurain, le taiseux du cyclisme.
Ce petit monde a changé avec les
années Armstrong, lequel imposait les pauses, les « tickets » de sortie, le tempo des poursuites, ceux qui
pouvaient l’approcher et ceux qui avaient plutôt intérêt à filer doux… Pas du
tout un monde pour de Las Cuevas.
Armand de Las Cuevas, lui, a quitté
le peloton et les courses de premier plan avec une nette préférence pour une
toute autre vie. Il court depuis pas mal d’années à La Réunion où il vit et s’occupe
d’une équipe amateur, loin des médias, loin de ceux qui font et défont les
carrières selon les canons établis et somme toute si conformistes. Une fois
entré tout jeunot dans un sport, il est difficile de quitter « le milieu ».
Je me souviens qu’un jour, sur les
pavés de « l’enfer du Nord »,
autrement dit Paris-Roubaix, un camarade journaliste sportif que j’accompagnais
pour les besoins de la pige me confiait que le nom de Las Cuevas n’est pas
vraiment celui qu’il faut citer sur les courses pro, au risque de perdre ses
accréditations. Il y a des noms, comme ça, ils ne plaisent pas à Hinault et
consorts… Armand de Las Cuevas s’en moque : moins riche que d’autres,
absent des bronzages des projecteurs, il existe certainement bien mieux que d’autres
de sa génération sacrifiée sur l’autel des expérimentations biologiques.
LSR
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