Le sort du sot : le vote pour le même, le vote pour une chienlit organisée a minima
Plutôt que de nous
répéter, puisque la « campagne » électorale est repartie hier, avec
ses litanies perpétuelles et ses espérances taries à l'enseigne de la coulée de la Bièvre
en surface du Ve arrondissement de Paname, nous ne biffons ici pas une ligne de ce que nous publiions le
27 janvier dernier, veille de l’anniversaire de notre passé Président, soit
exactement dix mois déjà jour pour jour.
A coup sûr, il ne
nous fallait pas être grands clairvoyants Patrice & moi, ou psychopompes de la boule de cristal,
pour déciller la remise au pas des rêveries grecques (par les urnes), pour réécouter les infinis échos des mêmes
slogans (« plus jamais ça »)
censés attendrir davantage le cauchemar en cours de la nature, de la folie
humaine & du reste. Tout le reste, ce condensé de flatulences verbales par la technique de com' en politique, ces résidus de poudre dans la flambée du fanatisme institué.
Plus prosaïquement, cet éternel retour du même façonne
l’étrangeté d’une période historique maudite. Sous un air de dépit de constater que rien n’évolue favorablement, il
convient donc d'insister un peu & vous le redonner à lire : voter ne détermine rien d’authentiquement
démocratique dans sa portée historique fondée dans le cadre de notre patente citoyenne contemporaine. C’est, hélas, ainsi que se noient les
territoires annexés par l’Empire du Bien en temps de guerre.
La sottise
des peuples.
La
soumission en l’idéal politique est la plus pernicieuse espérance des peuples dans
son aspiration au changement. Le peuple espère en un parti, une coalition de
partis et, majoritairement, il reste à la maison et s’en va déléguer et
déléguer encore. De quel changement s’agit-il ? Les peuples aspirent à quoi de
précis ? Nul ne le sait vraiment, hormis les manifestes et soubresauts
instantanés.
A
gros traits, aujourd'hui un peuple veut mener sa barque sans forcément goûter
aux joies du voisinage (collègues,
populations, concitoyens, pays tiers, continent...). L’état général des
solidarités, masqué par la charité publique et publicitaire, marche au pas de
l’oie. Rien n’intéresse plus nos égoïsmes prioritaires que nous-mêmes. Un
tsunami mobilise et s'oublie.
Une
élection en Grèce serait, d’après certains militants de premier plan, un
nouveau testament, une nouvelle phase pour toute l’Europe qui sortirait tout de
go de l’ornière des diktats de Bruxelles et Berlin.
Allons
bon… l’histoire récente ne cesse de nous montrer que les joies instantanées
provenant des élections ne tardent pas à laisser place au dédain. Puis au dépit
public.
Les
carcans institutionnels sont tels que les promesses partisanes frottées aux
rouages politico-juridiques institués aboutissent à une gestion tête haute de
la crise récurrente des régimes politiques. Alors le peuple, lui, baisse
davantage la tête et ne s’implique guère plus dans la vie de la communauté
politique. L’indécence serait de suggérer le contraire.
La
crise économique est consubstantielle à la marche du monde empruntée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale (fin du troisième repartage du monde),
puis lors de l’écroulement des régimes politiques de l’est européen (révélation
du quatrième repartage du monde). Bien évidemment, l’état de l’esprit
des peuples évolue en fonction de ses élites aux manettes, ses institutions
politiques et économiques. Pour le dire vite, la sélection du personnel
politique par l’élection devient ce à quoi nous assistons ébahis : emprise
totalitaire de la communication et interpénétration des programmes partisans,
surtout s’ils s’affichent antagonistes.
D’autres
facteurs, notamment les nouvelles technologies, hypostasient des comportements
pulsionnels individualistes. Car rien n’a changé avec la modernité libérale :
l’homme se plie à la volonté de puissance et la peur. Telle est la donne
ancestrale que l’on entend dissimuler sous le tapis d'un angélisme
programmatique dans la gestion des pays.
Nous
le notons par exemple ici, dans L’Atelier du Serpent rouge, à propos
de la société française, la République
angélique a pris la forme d’une soumission aux affaires et aux religions,
avec une laïcité aléatoire et peu défendue dans ses actes juridiques au
quotidien. La montée de l'individualisme corrobore un communautarisme orchestré
pour la gestion de l’impossibilité d’établir une politique nationale et
souveraine, ouverte et validée par une démocratie radicale. Dans ce contexte,
l’instruction historique et civique, plus généralement les programmes de
l’Education (ex-)nationale, restent
en panne. Ce contexte est voulu, mais ne s’avoue jamais : mieux vaut « éduquer » de futurs producteurs
qu’instruire de futurs citoyens lucides. Dès lors, des dérives et radicalisations meurtrières dénudent les plaies sociales
du pays entier. Ce n'est pas une première, ce ne sera pas la dernière. Les
actes de Toulouse avaient frappé les Français... après les 7 et 9 janvier, là,
les Français ont été provisoirement sonnés.
Dans
le même temps, et malgré l'illusion facile d'"unité nationale", la montée des forces politiques extrémistes,
y compris au sein des partis de gouvernement, s'affiche très paisiblement dans
les urnes. Comme toujours, les moutons de Panurge, de gauche, de droite, du
centre et de tous les milieux prétendument éclairés, crient l'irénique "plus
jamais ça" pour la millième fois dans une catharsis de rue sans aucune
suite concrète.
Quelques
renforcements régaliens ne réparent en effet pas quarante ans de triomphe de
l’individu libéralisé dans la marchandisation de ses actes et sentiments.
Pendant ce temps, l’arrière-ban élitaire du peuple prépare la prochaine
échéance délégataire : l’élection, ce bréviaire d’autojustification de toute
une vie frappée du sceau de l'insignifiance.
LSR
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