Dans les beaux quartiers -la chasse parisienne, argentique au poing (suite), par Patrice


Les trottoirs de l’incongruité.

Les beaux quartiers sont des endroits photographiables pour leur légèreté, contrairement aux quartiers populaires, voire pauvres, où la misère affleure et pèse un poids lourd de signification. Il faut se faire constat à charge ou constat léger. On ne rit bien que de ce à quoi on est étranger. On rit rarement bien de soi-même ou de ses semblables surtout quand ceux-ci sont le plus grand nombre. L’autre classe, la minoritaire, fait toujours tache dans le paysage global, dans l’ensemble social. Raison de plus pour aller le découvrir et la mettre en exergue à hauteur de ce qu’elle est.

Descendre à Miromesnil ou à Saint-Philippe-du-Roule, à Paris, c’est mettre les pieds en terra incognita. S’enfoncer dans la rue du Faubourg Saint-Honoré, c’est aborder un autre monde pourtant si proche géographiquement. Si vous la prenez dans l’autre sens, par la Madeleine, vous serez carrément agressé. Il vaut mieux l’autre sens, plus progressif, plus discret. Le temps de s’y faire.

Chasser ou débusquer l’incongru est ici très facile. Il affleure le pavé, il vit dessus. On ne se lasse pas de l’y voir tant il semble être à sa place. Il pavoise, il est chez lui surtout à partir du carrefour Beauvau-Elysée. On se baisserait presque pour le ramasser. Une fois le regard affûté et l’attention mise en alerte, les occasions tapissent l’environnement. Il y a à la fois cour et jardin, décor et acteurs (et pas comédiens). Il faut cependant séparer le bon grain de l’ivraie et, tout compte fait, il ne subsiste que peu de chose qui émerge vraiment. Toute situation est aussi fugace qu’ailleurs, même si elle ne se produit qu’ici. La discrétion pour opérer étant la règle, il est peu souvent question de recommencer ou de s’y reprendre à deux fois. Le stationnement, comme pour les voitures y étant très réglementé et surveillé, il ne fait pas bon vouloir faire décor local ou passe-muraille. Trop visible, presque une injure !

Reste là aussi les touristes. Invariablement, comme la confiture attire les mouches. Il faut jouer de la juxtaposition souvent incongrue dans l’allure locale et celle importée. Le hasard favorisant toujours les choses, être égaré, perdu, c’est aussi chercher sur un plan ou le pif en l’air au coin d’une rue le sens du vent peut-être. La promiscuité créée la situation où l’on peut se dissimuler, se mélanger pour mieux surprendre les us et coutumes de sociétés bien étrangères dans ses habitudes. Les portiers restent l’élément représentatif de la différence de classe, les voitures vont avec. A défaut de voir ce qu’il y a dans la vitrine du magasin qui réceptionne on pourra au moins deviner à qui cela est destiné. C’est à ce moment qu’il faut agir, et vite. La photo parfaite, depuis Weegee, reste à refaire. Piment de l’affaire.

Plus loin, et sans pour cela changer de sujet, il y a la rue de la Paix et la place Vendôme, haut lieu de dépenses fastueuses et totalement hors de portée du commun des mortels. Le rêve pour certains mais qui reste inaccessible. Seuls les rêves ont tous les prix. Là, les comportements peuvent être ouvertement distanciés par rapport au sujet, le luxe. Chacun comprend très vite où il a mis les pieds et qu’il vaut mieux en rire. Existe-t-il une attitude pour cela ? Certainement un rire partagé à plusieurs ferait-il l’affaire. Elle reste à faire…

Patrice C.

 

 

 

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