Lire aujourd'hui, par Patrice
Dans la lecture, c’est l’attrait qui manque le plus.
Ce qui manque, ce n’est pas l’envie de lire ou d’écrire
au vu de ce qu’on peut entendre et lire par les temps qui courent, c’est de
trouver le fil. Celui qui permettra de dérouler la pelote, car c’est d’une
pelote, d’un ensemble de choses liées les unes aux autres qu’il s’agit. Rien
d’autonome, d’indépendant : tout est lié.
Les quelques lectures saines qui subsistent, saines car
elles viennent frappés nos convenances et remettre en question le quotidien
soporifique, en un mot elles viennent nous perturber sinon on devient vite
conservateur et gâteux, ne sont plus guère de ce monde. Si vous comptez sur le
Goncourt et tous ses petits frères et sœurs pour remettre en question la
société ou vous apporter de l’eau fraiche, je vous souhaite bien du plaisir
quoiqu’un peu faisandé.
Surtout, ne pas déroger, ne pas bousculer les
habitudes, les convenances. Depuis qu’on nous “tartine“ avec des écrits qui n’ont guère évolués depuis Proust,
mais qui font la joie financière des éditeurs qui n’ont plus que le nom mais
pas la fonction de découvreurs, c’est dans un marigot de papier qu’on essaie de
nous faire croire qu’il est riche qu’on nous noie. Puisqu’il faut continuer
d’être éditeur, que ce soit ridicule mais vivant ! On se tient par la main
avec la presse démultipliée dans ses applications mais identique dans ses
contenus et sa périodicité et qui contribue à faire battre le cœur d’une
industrie en arythmie chronique faisant passer une fois par an l’actualité du
secteur de collapsus à extrasystole, le tout dûment monnayé. Les palpitations
que pouvaient donner les Breton, Prévert, Aragon, Michaux, Daumal et autres
Artaud ne sont plus au catalogue des thérapies remboursées par la Sécurité
sociale.
Foin donc des nouveautés qui n’en sont pas, repli
stratégique sur les valeurs et les fondamentaux. Il vaut mieux replonger dans
son Raymond Aron, qu’on a négligé ou juste parcouru pour les besoins d’une
cause temporelle. C’est là où se trouve l’origine des choses et leur évolution
qu’on se fera plaisir, ainsi que dans quelques autres condisciples de l’époque.
Seule la résistance des fondations permet d’élaborer et de construire une
structure capable de résister au temps et de voir arriver sans crainte les
frimas et la pauvreté désertique des steppes d’aujourd’hui.
Après cela, les rayons des librairies vous paraîtront
d’une tristesse apocalyptique et d’un intérêt proche de celui offert par les
marches du Temple.
Patrice C.
Commentaires
Enregistrer un commentaire