La chasse parisienne, argentique au poing, par Patrice
Au bonheur des uns et des
autres.
Quand je suis arrivé à Concorde, après avoir passé plus
d’une demi-heure dans le métro, je savais que par ce beau dimanche d’octobre,
j’allais satisfaire une curiosité qui ne concerne que moi.
En égoïste confirmé, j’avais choisi les Tuileries au
moment de la Fiac pour son expo hors les murs qui ne manquerait pas d’attirer
le chaland et de lui procurer une belle occasion de s’y frotter. Ce qu’il
ignorait, ce dadais, c’est que cela pouvait être jubilatoire pour un œil acéré
toujours à l’affût du ridicule qui ne tue pas. Qui plus est, un œil muni d’un
appareil photo. C’est donc en quête d’incongruités pour fil conducteur que je
descendais dans ce qui pouvait être une arène. La “mission“ que je m’étais fixé était celle-là : chasser
l’incongru, voire le ridicule. La méchanceté n’était pas le guide de mes pas,
seul l’amusement, la dérision, le ridicule était au programme.
Les Tuileries sont un endroit maléfique, en quelque
sorte. Lieu historique de notre politique nationale puis sentier de la gloire
pour les belles intrigantes, elles sont aujourd’hui livrées aux vendeurs à la
sauvette (et le mot est faible tant il
faut savoir courir pour échapper aux contrôles policiers) et à la mendicité
organisée. De fait, un endroit qui toujours a senti la poudre et la lame d’acier
dont on coupe les bourses avant que les bourses en question ne deviennent
exhibitionnistes.
Plein soleil. Pour l’ex professionnel que je suis qui
revient à ses premières amours avec un minimum de matériel, seule l’expérience
et le pif peuvent pallier la nécessité des paramétrages nécessaires. C’est vrai
que c’est plus facile au soleil. Plus il fait clair, plus tu fermes !
Vitesse = diaphragme. Tenir compte d’un peu de surexposition pour les gris. Il
faudra y penser au moment du développement. Bien évidemment, cette partie de “chasse“ innocente n’a pas pour but de
tuer, juste de piéger gentiment. Je serais à la fois le piégeur et le seul
profiteur de la situation. Le plaisir pourrait être éventuellement partagé s’il
l’était mais tel n’est pas le but. D’abord, ressortir de ma tanière avec les
armes qui sont les miennes de façon quasi instinctives et ensuite se démarquer
de toute contrainte. C’est d’un quasi onanisme qu’il s’agit-là !
Les pieds dans la poussière et la tête au soleil, je
mets le cap sur les sites propices. Le grand bassin est chichement équipé de
sculptures astrologiques fixées dans l’eau. Le retrait créé l’attroupement à
distance respectable pour qu’ils puissent encore émerger de la foule offrant ainsi,
tout prêt, le premier et le second plan. Complément du tableau, un magnifique
ballon transparent et contenant un candélabre. Symbolisme ou hasard de la
création ? Ce sera donc une occasion supplémentaire de sublimer le soleil
dans un contre-jour qui met en valeur l’ensemble. Ah, les touristes ont beau
jeu de trouver « Paris marvelous ».
Ce n’est pas tous les jours que cela nous est offert et leur étonnement amène
la réflexion que tout compte fait… C’est donc un festival qui s’offre à mes
yeux programmés sur “étonnement“ et
qui n’en demandaient pas autant de plaisir, de surprises et de rires. Va donc
pour l’anecdote festive !
Le plaisir n’est pas également partagé entre ces
touristes et moi, mais c’est aussi une tranquillité de savoir et de voir
qu’occupés par leur étonnement je risque moins de rencontrer de mauvais
coucheurs soucieux avant tout de pouvoir tirer profit d’être photographier à
leur insu. Plaisir identique donc mais non partagé, encore que…
Les photos, toutes argentiques qu’elles sont, ne figurent
que dans mon catalogue personnel. Un jour peut-être… La surprise d’une
éventuelle réussite est pour moi aussi entière mais toujours virtuelle.
Patrice C.
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