Question sur la photographie, par Patrice
La photographie : art ou
information ?
En dehors de toute réalisation purement artistique, c’est-à-dire
de création pure ayant pour base le procédé physico-chimique originaire de la
photographie ou de reconstitution artificielle de faits et de situations à
caractère sociétal, toute photographie pratiquée in vivo ne peut être qu’information.
L’art peut être chez lui dans la rue si l’on se sert de
l’endroit pour extrapoler et/ou fabriquer autre chose que ce qui y existe, en
utilisant les potentiels offerts que sont la lumière, la géométrie, le
mouvement.
Toucher à l’humain dans l’un de ses environnements
relève de l’information ou de l’étude.
C’est ainsi que j’approche la société : sur son
terrain et y compris à son insu, en respectant sa présentation, ses formes, sa
vie.
D’abord aimable distraction pour bourgeois aisés et incapables
d’être autre chose que reproducteurs d’œuvres peintes, la photographie a
conquis ses lettres de noblesse au rayon de l’art par détournement de sa
fonction première et mérite à ce titre l’appellation d’art photographique au même
titre que d’autres sciences ou techniques détournées de leur fonction première.
Il me semble que les choses sont aujourd’hui
suffisamment posées, vérifiées, avérées pour qu’elles ne soient plus
contestables.
L’appellation d’information, bien que galvaudée, n’en
reste pas moins documentaire lorsqu’elle est utilisée ou traitée avec
suffisamment d’objectivité et de profondeur. On peut se poser légitimement la
question de savoir si la photographie d’un homme ou d’une femme politique à une
tribune, lors d’une inauguration ou serrant des mains sur un marché participe
de l’information nécessaire à la vie de la cité et si cela illustre l’époque et
l’action politique. Il en va ainsi d’un détournement à la fois d’une technique
et d’une volonté de servir l’Histoire.
La photographie a participé au développement de la
presse en la rendant moins austère et en illustrant ses pages, tout en flattant
l’ego de certains qui devenaient ainsi plus des clients que des lecteurs et qui
s’en servaient outrancièrement. Jusqu’au moment où la photo pouvait devenir
témoignage gênant et preuve matérielle et historique et devenait la mal venue.
On en arrive ainsi aujourd’hui à des parutions à
profusion de photos stéréotypées totalement stériles pour la société, son
histoire et l’information. L’éventuelle découverte de choses intéressant la
société humaine et ses soubresauts peut ainsi devenir gênant et frappé de
censure, voire de manipulation.
C’est l’utilisation puis son exploitation qui fait la
survie d’une découverte. Lorsque cette découverte représente un coût, elle
devient handicap. On réduit ainsi a
minima dans la presse l’utilisation de la photographie et la même photo
identique et suffisante perd de sa valeur intrinsèque d’information par
uniformisation. Au diable l’information si celle-ci a un coût !
Etonnez-vous, après cela, que la presse se trouve dans
une telle situation, sachant qu’en plus des photos qui ont pourtant fait sa
réputation et sa richesse, ce sont également bien souvent les écrits qui leur
ressemblent.
Patrice C.
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