III- La médiatisation du pouvoir sous l'Ancien Régime (III)
-III-
{La royauté.Vers la vassalisation et la conception de la seigneurie}.
1er§ -
Lorsque les Carolingiens se partagent l’Empire, la partie du Royaume
appartenant à Charles le Chauve est la Francie
Occidentale (de 843 à 877 ; il devient empereur d'Occident en 875). Ce
royaume puise ses racines dans une triple tradition :
-premièrement, dans l’héritage romain : la Gaule est conquise par Clovis. Elle est
une ancienne province romaine sur laquelle vivent les gallo-romains ;
-deuxièmement, dans la tradition chrétienne :
dès la fin du Vème siècle, la Francie
Occidentale devient chrétienne. On peut affirmer que cette tradition
provient d’un legs romain puisque le christianisme est né et s’est développé
sous l’Empire Romain (reconnue comme
religion officielle au IVème siècle, en 380 sous Théodose II). La religion
chrétienne a toujours été partie intégrante du pouvoir politique. Lorsque
Clovis fonde le royaume des Francs, il va comprendre l’importance de la
chrétienté pour exercer un pouvoir de gouverner ;
-troisièmement, dans l’héritage germanique : après la chute de l’Empire Romain
d’Occident, dont la date officielle est la chute
de l’Empire Romain le 4 septembre 476 (le
chef barbare Odoacre dépose le dernier empereur romain d’occident Romulus
Augustus, à savoir qu’il lui retire les insignes du pouvoir impérial et il les
renvoie à l’empereur romain d’Orient), ce sont les rois barbares qui vont
installer les royaumes germaniques sur tout le territoire. Clovis instaurera le
royaume des Francs sur les ruines de la Gaule Romaine.
Cette triple tradition nourrit l’ordre vassalique tel qu’il s’instaure
sous Clovis, puis s’épanouit chez ses successeurs au travers de l’ordre
féodo-vassalique se mettant progressivement en place à l’aune d’institutions
juridiques.
2ème § -
Etre vassal, c’est avoir un lien personnel qui est solennisé, en vue d’obliger l’un envers
l’autre. En effet, les obligations inégales nées du contrat de fief et la
sanction de l'inexécution des obligations vassaliques entraînent la vassalité
par essence, c’est-à-dire dont le fruit est à la fois un formalisme et un
cérémonial précis. Aussi, la
vassalisation, qui conduit inexorablement à l’appropriation des
prérogatives de puissance publique par les agents du roi, revient un rapport
formel avec la généralisation de la vassalité. Elle résulte plus précisément
d'un processus qu’en histoire du droit on baptise par commodité confusion entre
« l'honneur » et « le bénéfice ».
Originairement distinctes, l'honneur (honor en latin) désigne depuis le Bas Empire un office
public : les comtes mérovingiens ou carolingiens détenaient au nom du roi
un « honneur ». Bénéfice
désigne une libéralité, un bienfait
concédé à l'occasion de la conclusion d'un contrat vassalique destiné à donner les moyens à l'agent public
d'exercer ses fonctions.
3ème -
Lors de l’essor de la puissance des premiers Carolingiens, ceux-ci ont été
vigilants à contrôler les comtes. Ils conservent la faculté de les révoquer
facilement en cas de manquement à leurs obligations et veillent à ce qu'il soit
très rare que des fils de comte exercent l'honor
de leur père au décès de ce dernier. Dans ces conditions, le bénéfice est conditionné à l'honor, à la fonction publique. Aussi,
si le lien de vassalité vient à être rompu (pour
cause de mort du comte ou à la suite de sa révocation), le bénéfice devait faire retour au roi. A
l’opposé, partir de la seconde moitié du IXème siècle, par le phénomène de contractualisation du pouvoir en lien avec le
contrat de fief, le rapport de force devient favorable aux comtes titulaires
d'un honor ; le roi n'a plus la
capacité de les révoquer ou d'empêcher l'hérédité de la fonction comtale.
En
conséquence, avec un pouvoir central qui n'est plus en
mesure de les inquiéter (ou de les
contrôler), les comtes et leurs descendants parviennent à considérer qu'ils
sont les propriétaires tout aussi bien de leur honor que du bénéfice
correspondant. Ils n'acceptent plus d'être privés de leur terre et ils exercent
des prérogatives de puissance publique : lever l'impôt, rendre la justice
et contrôler la population à leur seul profit de fieffeux.
4ème -
A la fin du IXème siècle, les sources de l'époque parlent d'« honneurs bénéficiaires » comme si
ces notions étaient parfaitement équivalentes. Ces évolutions institutionnelles
publiques sont très défavorables au pouvoir royal et annoncent la décomposition de l'autorité publique.
LSR
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