J.P. LE GOFF, entretien avec "Le Figaro" de mars 2016 sur la fin de la démocratie
Jean-Pierre Le Goff :
« L'impuissance
politique est enrobée dans les bons sentiments »
ENTRETIEN avec LE FIGARO « Vox Culture »
Par Alexandre Devecchio
Publié le 25/03/2016 à 20:39
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN -
Terrorisme, révolte dans la jeunesse, campagne antiraciste absurde, Europe
impuissante, le titre du dernier livre de Jean-Pierre Le Goff, Malaise dans la démocratie, est plus que
jamais approprié à la situation actuelle. Le sociologue et philosophe fait le
point pour FigaroVox.
Jean-Pierre Le Goff est un philosophe, écrivain et sociologue français.
Son dernier livre Malaise dans la démocratie vient de paraître chez Stock.
LE FIGARO - Remaniement
ministériel digne d'une farce, débat sur la loi travail qui contredit
totalement le programme du candidat Hollande en 2012, négociations avec la Turquie
sur la crise des migrants : le titre de votre livre, Malaise dans la démocratie, n'a jamais semblé aussi approprié….
Jean-Pierre LE GOFF - De quelque côté que l'on
se tourne, c'est l'impression de confusion et de délitement qui domine avec le
sentiment d'impuissance des États à s'attaquer aux causes des maux dont ils
déplorent les effets. On réagit au plus vite pour essayer tant bien que mal de
gérer des problèmes qui s'emballent : lutte contre le terrorisme, flux de
migrants, Union européenne à la dérive, chiffres du chômage…, tout en ayant en
vue des échéances électorales qui se rapprochent à grands pas.
Chaque jour nous confronte à la vision d'un pays désorienté, d'une Union européenne à la dérive et d'un
monde livré au chaos. Les images du flot de réfugiés et de migrants bloqués aux
frontières criant leur colère renforcent l'angoisse des peuples
européens : pour ces migrants l'Europe est une terre promise quoiqu'il en
soit du chômage, des différences de culture et des mœurs ; réfugiés
politiques et migrants économiques se mélangent dans la plus grande confusion,
sans parler des terroristes islamistes qui peuvent profiter de l'occasion. Les
grands discours généraux sur la lutte contre la xénophobie, l'islamophobie, le
racisme…, les leçons de morale données aux peuples européens qui craignent de
voir à terme leur pays et leur culture s'en aller à vau l'eau n'y changeront
rien. L'accord passé avec la Turquie d'Erdogan restera dans les annales comme
un marchandage déshonorant impliquant des milliards d'euros, la possible
dispense de visas d'entrée en Europe pour les citoyens turcs, la reprise des
promesses de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne… pour des mesures
dont la mise en œuvre et l'efficacité restent largement aléatoires. Face à
l'urgence, dira-t-on, il ne convient pas de faire la fine bouche, l'Union
européenne fait ce qu'elle peut en essayant de gérer tant bien que mal une
situation qui paraît devenue immaîtrisable. Il n'empêche: l'irresponsabilité et
les revirements de la chancelière allemande, les déclarations hautaines et
méprisantes d'Erdogan envers l'Europe, son rapport pour le moins ambigu aux
islamistes, sa répression contre les kurdes et les opposants… sont autant de
réalités que tous les discours embarrassés des responsables de l'Union
européenne ne peuvent effacer. En octobre 2015 au Zénith à Strasbourg, les
partisans d'Erdogan vivant en Europe, hommes et femmes séparés, après une
prière collective menée par un iman venu de Turquie, ont écouté et applaudi à
tout rompre son discours guerrier contres ses opposants et ses propos méprisant
sur l'Europe dénoncée et huée par la salle parce qu'elle prétendrait donner des
leçons. L'Europe serait affectée par la xénophobie, l'islamophobie et le
racisme, tandis que la Turquie serait le « défenseur de la vraie
civilisation ». De tels propos tenus en France et sur le sol européen
auraient provoqué l'indignation et la réprimande en d'autres temps. Comment ne
pas se sentir humilié et continuer de croire à l'Europe quand la France et les
autres pays européens ont largement fait silence face à de tels propos ?
La présidence de François
Hollande représente
le summum du pouvoir incohérent et informe qui ne date pas
d'aujourd'hui.
LE FIGARO - La politique
intérieure française ne semble pas plus sortie de ce que vous appelez la
« démocratie de l'informe »…
JEAN-PIERRE LE GOFF - La présidence de François Hollande représente le summum du pouvoir
incohérent et informe qui ne date pas d'aujourd'hui. La façon dont on prépare
et multiplie les lois, dont on avance et on recule au gré des pressions des uns
et des autres, pour aboutir à des « synthèses »
alambiquées qui finissent par mécontenter tout le monde constitue une sorte de
modèle-type d'une « gouvernance »
post-moderne qui navigue à courte vue au gré des évolutions, des événements et
des groupes de pression. . La concertation, la démocratie participative, la
recherche d'un compromis acceptable… ont bon dos pour masquer l'absence de tout
projet clair et cohérent. La loi El Khomri qui a, entre autres, pour objectif
de faciliter la négociation a comme caractéristique paradoxale d'avoir été
préparée sans consultation avec les organisations syndicales, avec menace plus
ou moins claire d'utiliser le 49-3, avant de revenir en arrière, pour aboutir à
une « simplification » du
code du travail qui risque d'être des plus complexes… Au bout du compte, tout
le monde est mécontent ou insatisfait, sauf le gouvernement. Quant au projet sur
la destitution de la nationalité et la réforme de la Constitution, sa nécessité
et son utilité ne vont nullement de soi au regard de textes de loi déjà
existants et à la mentalité djihadiste qui se fiche pas mal de se savoir
français ou non. N'importe comment, on ne voit pas comment elle pourrait
aboutir. L'opinion finit par ne plus comprendre au juste de quoi il est
question et pourquoi on a consacré tant de temps, de débats et de polémiques
pour aboutir à retirer les projets en question ou à de piètres résultats. D'où
l'impression justifiée d'une politique qui fait beaucoup de bruit pour pas
grand-chose (« Tout ça pour ça! »)
et dont le rapport avec la réalité du pays et les préoccupations des citoyens
ordinaires est de plus problématique.
En même temps, on continue la communication personnalisée, en essayant
tant bien que mal de revaloriser son image dans un souci électoraliste dont les
enjeux donnent une certaine idée de l'état de la politique : qui donc sera
présent au second tour des élections présidentielles face à la candidate du
Front national ? Vaste débat de prospective chez les spécialistes,
proportionnel à l'état de désorientation et de désespérance d'un pays qui ne sait
plus qui il est et où il va.
Le « président normal »
s'efforce d'incarner la fonction présidentielle dans une situation qui semble
devenue immaîtrisable, tout en se livrant à quelques selfies lors de ses déplacements et des confidences dans des
journaux branchés. Le citoyen ordinaire pourra ainsi connaître en lisant le
magazine Elle quelques informations
sur la famille du président, sur sa vie avec Ségolène Royal où il faisait les
courses ou la cuisine, s'occupait des enfants, tout en regrettant de n'en avoir
pas fait davantage… De tels propos suffiront-ils à rassurer les français sur
les compétences du Président à diriger le pays ? Les féministes toujours
avides d'autocritique publique dans les médias, peuvent-elles se contenter de
tels propos ? Dans tous les cas, dans la perspective de l'échéance serrée
qui s'annonce, il n'y a pas de petits profits électoraux. Comment dans ces
conditions, ne pas désespérer de la politique ?
Une police de la pensée et
de la parole a accusé systématiquement nombre d'intellectuels et de
journalistes d'« islamophobie »
LE FIGARO - Après la France,
c'est la Belgique qui a été touchée par le terrorisme. Cela traduit-il une
extrême faiblesse des Etats européens…
JEAN-PIERRE LE GOFF - Oui, mais la lutte contre le terrorisme islamiste radical n'est pas une
mince affaire qu'on peut régler rapidement, d'autant plus que depuis des années
on a dénié ou sous-estimé l'influence de l'islamisme radical, les prêches
haineux dans les mosquées, le nombre de départs pour le djihad… par peur de
discriminer nos compatriotes de confession musulmane, en même temps on n'a pas
voulu froisser nos liens avec les pays arabes qui prônent le salafisme et avec
qui on entretient des liens commerciaux. Pour avoir la paix dans certains
territoires abandonnés de la République, on a laissé se développer le
communautarisme islamiste avec ses discriminations et ses pressions vis-à-vis
des femmes, ses dénonciations des républicains laïcs, des « traîtres » et des « collabeurs »… Au nom de la lutte
contre l'islamophobie, tout un courant intellectuel gauchisant a pris le relais
accusant la République, la laïcité et notre propre histoire de tous les maux,
renforçant le sentiment victimaire et le ressentiment existant chez une partie
de nos compatriotes musulmans. Une police de la pensée et de la parole a accusé
systématiquement nombre d'intellectuels et de journalistes d'«islamophobie», faisant pression et
rendant plus difficile toute critique, toute réflexion et débat sur l'islam et
son adaptation difficile à la civilisation européenne, réflexion et débat
indispensables à son intégration. Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres,
on paie une politique de l'autruche qui ne date pas d'aujourd'hui alliée à une
mentalité angélique et pacifique qui dénie le choc des cultures et des
civilisations, et ne veut pas avoir d'ennemis. Malgré tous les efforts des
bien-pensants pour dénier ou sous-estimer ces problèmes, il est plus difficile
aujourd'hui de « remettre le
couvercle » sur ces questions comme on l'a fait depuis des années.
C'est une mentalité nouvelle
qui a vu le jour pour qui la démocratie est devenue synonyme de relativisme
culturel, la nation de xénophobie et de racisme, l'Europe et l'Occident étant
eux-mêmes considérés, peu ou prou, comme les responsables de tous les maux de
l'humanité.
LE FIGARO - Comment peut-on
sortir d'une telle situation ?
JEAN-PIERRE LE GOFF - On ne s'en sortira pas avec le rappel de valeurs générales et
généreuses et de bons sentiments, mais tout d'abord, comme cela a déjà été dit,
par des moyens de police et militaires qui doivent frapper comme il se doit les
ennemis qui veulent nous détruire. C'est la crédibilité de l'État détenteur de
la violence légitime et assurant la sécurité des citoyens qui est en question.
On a compris (tardivement) qu'on ne pouvait traiter le Ministère de la défense
comme les autres en le soumettant à des restrictions budgétaires drastiques,
même si on peut estimer qu'on est loin du compte pour faire face aux menaces
dans un monde des plus chaotiques. Mais pour que l'État puisse effectivement
jouer son rôle, il faut qu'existe en même temps une opinion publique qui le
soutienne fermement dans la répression nécessaire dans le cadre de l'État de
droit. Les demandes d'engagement dans l'armée et la police de la part des
jeunes générations traduisent de ce point de vue une nouvelle dynamique qui
rompt clairement avec la dépréciation dont ces deux institutions ont fait
l'objet depuis près d'un demi-siècle.
Mais dans la jeunesse comme dans d'autres catégories de la population,
existent des fractures sociales et culturelles symptomatiques des difficultés à
affronter le terrorisme islamique et la guerre. Je suis frappé de ce point de
vue par des similitudes existant entre les réactions aux attentats islamistes à
Bruxelles et à Paris. Dans les deux cas, les attentats ont produit des effets
de sidération et donné lieu à un même type d'expression publique de l'émotion
et de la douleur : on allume des bougies, on se tient par la main, on
dessine des cœurs, on chante la chanson Imagine
de John Lennon célébrant la paix et la fraternité universelle alors que
viennent d'être commis des massacres de masse. Ces réactions émotionnelles
expriment une sorte de catharsis nécessaire face au terrorisme et à la
barbarie, l'indignation et la douleur d'un peuple qui pleure ses morts et
proclame son refus du terrorisme. En même temps, l'unité et la solidarité ne peuvent
seulement s'exprimer dans l'émotion et à la douleur partagées. Si nous voulons
faire face et combattre efficacement nos ennemis, il s'agit de comprendre
comment de tels actes ont été rendus possibles et le fanatisme islamiste qui
leur est inhérent. En d'autres termes, le terrorisme et l'islamisme radical
n'ont pas surgi de nulle part et force est de reconnaître que ceux qui
commettent ces actes barbares sont des citoyens des pays européens. Voilà ce
qui est peut-être le plus difficile à admettre parce que cette question nous
renvoie aux faiblesses internes des démocraties européennes, au refus
d'affronter des réalités dérangeantes en essayant tant bien que mal de les
masquer, comme pour mieux se rassurer en se croyant à l'abri des désordres du
monde.
Manuel Valls vient d'appeler clairement les pays de l'Union européenne
à en finir avec l'angélisme. Il est temps. Mais encore s'agit-il en même temps
de comprendre pourquoi et comment un tel déni des réalités et un tel angélisme
ont pu se développer depuis des années. Comme je le souligne dans mon livre,
cela pose le problème du bouleversement du terreau éducatif et sociétal des
démocraties européennes, bouleversement qui a abouti à la dépréciation de leur
propre histoire et à la mésestime d'elles-mêmes, au profit d'un
multiculturalisme invertébré et sentimental qui a le plus grand mal à
reconnaître qu'existe une pluralité des peuples et des civilisations. C'est une
mentalité nouvelle qui a vu le jour pour qui la démocratie est devenue synonyme
de relativisme culturel, la nation de xénophobie et de racisme, l'Europe et
l'Occident étant eux-mêmes considérés, peu ou prou, comme les responsables de
tous les maux de l'humanité. Les guerres, les totalitarismes et la shoah, le
colonialisme… se sont trouvés intégrés dans un récit de plus en plus
dépréciatif de notre histoire et la critique salutaire de l'ethnocentrisme
européen a versé dans un règlement de compte qui n'en finit pas. En
contrepoint, les autres peuples du monde peuvent être considérés comme porteurs
de vertus qui nous font défaut. La façon dont aujourd'hui on considère les
« peuples premiers » comme des écologistes avant l'heure, voire
porteurs de spiritualités indispensables à notre bien-être, est
particulièrement révélatrice du grand retournement qui s'est opéré dans notre
rapport aux autres peuples du monde.
C'est précisément cette nouvelle mentalité qui s'est trouvée percutée
et désarçonnée par le terrorisme islamique, sans pour autant être en mesure de
comprendre ce qui est arrivé, parce que cette mentalité s'est formée dans une
époque où la France et les sociétés démocratiques européennes se sont
déconnectées de l'histoire et du tragique qui lui est inhérent.
On a l'impression à chaque
fois de toucher le fond, avant que de nouveaux faits délétères enfoncent un peu
plus le pays dans la spirale du délitement et de la mésestime de soi.
LE FIGARO - « Tout ce qui était n'est plus, tout ce qui
sera n'est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux »,
écrit Musset en 1836. En 2016, on a également le sentiment d'assister à la fin
d'un monde...
JEAN-PIERRE LE GOFF - Nous vivons la fin d'un cycle historique où nombre de schémas de pensée
et de façon de faire de la politique se décomposent à grande vitesse avec le
sentiment partagé par beaucoup que cette période de décomposition n'en finit
pas de finir. C'est toute une façon de faire de la politique au gré des
évolutions, sans stratégie et sans vision, dans une logique de réactivité et
d'adaptation à courte vue qui est en question. Le déni du réel, la réactivité
et la fuite en avant s'accompagnent d'un discours victimaire et compassionnel
qui enrobe l'impuissance politique dans des valeurs généreuses et des bons
sentiments, en essayant de cette manière compassée et compassionnelle
d'incarner l'unité d'un pays désorienté et morcelé. La réactivité et la
compassion dominent sur fond d'impuissance de proclamation insipide des grands
principes, de coups de menton, d'indignation surjouée et de petits calculs
électoraux. Au vu de tout cela, les citoyens ordinaires ont des raisons de ne
plus croire à la capacité du politique à agir sur le réel et redonner confiance
dans l'avenir. Face à un État incohérent qui navigue à vue, dit une chose et
son contraire, avance et recule au gré des groupes de pression et des
clientèles électorales, les citoyens désorientés perdent confiance dans la
politique, se replient sur leurs réseaux et leurs communautés d'appartenance
dans une logique de repli sécuritaire et de défenses de leurs propres intérêts
catégoriels.
Dans le même temps, affaires, scandales, discours incohérents,
démagogie et reculades, dénonciations en tout genre s'affichent dans les médias
et les réseaux sociaux… Le lynchage médiatique dans les réseaux sociaux est
devenu un sport national, le coupable est dénoncé et jugé avant même l'instruction,
laquelle peut désormais se dérouler à livre ouvert dans les journaux. Sous les
oripeaux de la « démocratie
participative » et de la transparence, la mentalité « sans culotte » a gagné du terrain.
Il ne sert à rien de dénoncer l'extrême droite et le « populisme » tant qu'on continuera
de dénier les réalités délétères qu'ils savent exploiter à leur manière. On a
l'impression à chaque fois de toucher le fond, avant que de nouveaux faits
délétères enfoncent un peu plus le pays dans la spirale du délitement et de la
mésestime de soi. Ce n'est pas seulement une question de « popularité » mesurée à l'aide de
multiples sondages qui est en question. C'est le lien de confiance avec l'État
et une bonne partie des élites qui est rompu entraînant la méfiance et la
suspicion dans une optique victimaire empreinte de ressentiment.
On assiste bien à la fin d'un monde avec des risques de conflits
ethniques et de violences, une accentuation du chaos. Dans ces conditions,
l'appel à l'optimisme, à la « mondialisation
heureuse » a des accents de méthode Coué tant que ne sont pas
clairement reconnues la gravité de la situation et les impasses auxquelles ont
conduit une politique de l'autruche et de la fuite en avant qui n'appartient
pas spécifiquement à un camp. Les politiques ne peuvent évacuer la question de
la part de responsabilité qui leur incombe dans cette période critique de
l'histoire que nous traversons. C'est l'une des conditions pour regagner la
confiance du pays et des peuples européens et entamer une reconstruction qui
tire les leçons d'une période dont on pourra dire qu'elle est vraiment terminée
quand une nouvelle dynamique politique et historique verra le jour. Sans tout
attendre du politique, les échéances présidentielles peuvent en être
l'occasion, si les politiques parviennent à mettre fin à leur lutte intestine
et leur bataille d'ego pour répondre aux exigences qu'implique l'état du pays
et du monde. Les citoyens jugeront sur pièces.
Jean-Pierre Le Goff avec Le Figaro, 25.III.2016
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