Roger Vailland, Eloge de la politique (1964, extrait)

Extrait de "Eloge de la politique", de Roger Vailland, texte valant testament politique paru dans Le Nouvel Observateur, le 26 novembre 1964.

<< Mais ce qui me paraîtrait aujourd’hui plus intéressant, ce serait comprendre pourquoi, comment, de quelle manière, à quel moment, des hommes qui n’ont pas la vocation politique ­ la très grande majorité des hommes ‑, des hommes qui ont peur de la politique parce qu’ils savent, par leurs manuels d’histoire et la lecture des journaux, qu’il est bien plus dangereux de faire de la politique que de descendre dans l’arène aux taureaux ou de courir en automobile, parce qu’ils pensent aux procès, aux guillotines, aux camps, aux meurtres, etc. (et à l’amertume des vaincus abandonnés de tous), pourquoi des hommes qui se laissent aller au courant de la vie quotidienne parce que c’est le plus facile, parce que l’achat d’une voiture, d’un disque, le sourire d’une fille fait oublier qu’il sera bien triste de mourir à la fin d’une vie pendant laquelle il ne se sera rien passé, pourquoi et dans quelles circonstances, ces hommes de tous les jours et de tous les temps se mettent tout d’un coup – et quelquefois tous ensemble – à se conduire en politiques. Alors, et pour un temps, les « grands hommes » (comme dans Plutarque) foisonnent. (Ensuite, ils s’endorment ou s’éliminent les uns les autres, mais c’est une autre histoire.) >>.



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