Le monde des Bidibules - Le nouvel ennemi, suite, par Patrice C.


Le nouvel ennemi (suite)
Le partage, le fractionnement sous forme de réseaux de la société, voire du monde, est la première des portes qui s'ouvre de façon béante sur le partage multipolaire agressif et vindicatif de la part de ceux qui recherchent d'abord l'amalgame social protecteur et prioritaire de particularismes choisis, sélectionnés puis édifiés en règles et conditions de vie.
La protection et l’alibi sécuritaire confine au communautarisme qui lui-même débouche sur le sectarisme, puis sur l'agressivité protectrice anticipée. Cela relève d'une angoisse ou d'un besoin de s'isoler d'un monde qu'on ne reconnaît plus comme étant digne d'y appartenir. Il s'agit de la constitution d'une société parallèle dont les règles et priorités sont différentes, car correspondant à des critères déterminés par l'ensemble des membres du réseau pour subvenir aux besoins de la micro société et, éventuellement, subvertir et détourner des éléments de la vie commune afin de se les approprier de façon revue et corrigée pour faire face aux besoins et attentes du réseau.
Les origines de la constitution de réseaux ont toujours eu ce fondement supérieurement protecteur. Elles ont évolué avec le temps vers des besoins rendus nécessaires par la pauvreté de l'offre offerte à certains par la société. De résiduelle et plus ou moins folklorique, voire romantique, la constitution de réseaux est devenue bouée de sauvetage et peut-être avatar salvateur d'une société que certains ne considéraient plus comme étant suffisante à leur besoins et attentes. Anodins et considérés comme normaux dans le déroulé d'une existence souvent en mal d'identité, les réseaux se sont naturellement constitués dans l'environnement immédiat des individus : réseaux liés aux études, au travail, aux loisirs… avant de devenir palliatifs à une nécessité sécuritaire. Les groupements, originellement bénins, naturels ou spontanés se sont rapidement transformés en nécessités face à une existence plurielle, multiple et ressentie comme dépourvue de sécurité globale. L'évolution de ces microsociétés a été favorisée par une recherche rendue nécessaire de protection et d'assurance face aux nouvelles turpitudes de la société (chômage). Elles représentent un havre pour pallier éventuellement à ce que ne peut pas procurer une police d'assurance tous risques.
Cette conception de la société en refuges dûment gardés et protégés par leurs membres — car on ne peut trop partager les avantages — nécessite aujourd'hui des sélections à l'adhésion. De nécessaires préventions en sélections plus étroites, on arrive à la constitution prioritairement réservée et de plus en plus sélective des postulants. La première de ces conditions est idéalement d'ordre identitaire car elle est la moins réfutable. C'est ainsi que se développent les réseaux communautaires et communautaristes, ce qui représente une grave déviance ethnique et l'apologie de choix raciaux, religieux ou/et culturels, paravent bien pratique tout en restant digne et de droit commun. Le passage de l'état de réseau à la secte n'est pas très éloigné de la volonté initiale mais exacerbée de sécurité. Emergent ainsi les réseaux catégoriels tels que les réseaux tribaux, familiaux et/ou régionalistes ne se reconnaissant que par une appartenance historique, régionaliste et consanguine. Ce qui ne manque pas de déboucher sur des associations mafieuses qui finiront par se faire la guerre pour mieux se protéger et avoir le monopole de la représentation identitaire (mafias italiennes, russes, etc.).
Contrairement aux lobbies, qui ne sont que des officines mercantiles, les réseaux sont donc avant tout protecteurs et gardiens de prérogatives auto-attribuées et sécuritaires. Leur nombre ainsi que celui de leurs adhérents n'est pas limité dans la mesure où ils ambitionnent de s’attribuer plus davantages sociétaux à des fins exclusives. Ils provoquent ainsi la fraction de la société en autant d'entités rivales qui font face à la société en générale et sont, à ce titre, fort peu démocratiques.
Patrice C.

 

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