L'Ange de l'Histoire, par Patrice C.


L’Histoire n’avance pas

Ah, "ils" sont merveilleux !

"Ils", ce sont : les politiques, les journalistes et les gens en général, c'est-à-dire vous et moi compris.

Soyons clairs : les politiques, il n'y a plus rien à en dire au niveau national. Ou alors, vous descendez à des niveaux culturels, intellectuels ou tout simplement sociaux qui sont des abîmes de bêtise, d'autosuffisance, de mégalomanie jamais atteints jusqu'à aujourd'hui.

Oui, je sais, c'est justement aujourd'hui que l'on est moderne, donc qu'on découvre ce côté-là de la modernité : la bêtise. Il suffit de regarder ou d'écouter une émission sur Clémenceau ou Victor Hugo pour mesurer le gouffre qui nous sépare, à peu de distance rapportée à l'Histoire, de ce que fut et devrait encore être l'exercice du pouvoir… De la même façon que le baccalauréat n'est même plus l'ombre de lui-même mais carrément autre chose, inventée pour servir les circonstances. Bref, un autre monde s'est ouvert sous nos pieds, sous forme de gouffre, de vide absolu : un désert, une pelade.

Pour les journalistes, regardons, écoutons et scrutons avec sérieux l'ampleur du désastre. Quand on pense qu'il faut désormais être d'un niveau bac + 3 pour postuler à l'entrée dans une école de formation, et qu'on constate le rendu final, on s'interroge. Il est vrai (voir ci-dessus) que le bac… pfuitt ! Les deux ou trois années de fac : pfuitt ! Résultat : il faut plusieurs années d'expériences avant que les prétendants soient de taille. De celles qu'on acquiert sur le terrain. L'empirisme ne fait pas tout s'il pousse sur un terrain mal préparé. D'où les approximations, les hésitations et la sémantique aux abonnés absents. On est vraiment dans l'à-peu-près, ou à peu de chose près… Ce qui peut engendrer des nuances aussi immenses que l'espace. Suivez donc deux ou trois journaux télévisés sur le même sujet et vous comprendrez que vous ne comprenez plus rien tant les faits, les chiffres et les à peu près vous amènent à douter de votre propre compréhension et du bon état de fonctionnement de vos fonctions cognitives…

Quant à vous et moi et aux "autres" : c'est la Bérézina ! D'ailleurs je doute qu'il y ait encore des vous, des moi et des autres. Un gros, et de fait, vulgaire amas de peut-être et d'hésitations. Sans perspective aucune, sans question non plus.

La vie, semble-t-il, comme une souffrance. C'est à la fois pain béni pour les premiers de la liste ci-dessus et mer tranquille pour les seconds : ils peuvent "y aller" gaiement et franchement, de toute façon on ne les contredira pas. D'ailleurs, y fait-on même attention ? On se demande qui nous sommes, où nous sommes et où nous allons, mais là, il faut être vicieux ou torturé et dans ce cas-là : maudit, empêcheur de tourner en rond, conspirateur, anarchiste, voire extra-terrestre.

Résultat (si je puis dire car le compte n'est pas clos), il suffit qu'une "affaire" pour les uns, une "histoire" pour les autres et une "merde" pour les derniers, telle que l'Ukraine pour que l'on puisse mesurer avec le seul outil adéquat : l'opinion, l'ampleur de la "chose", c'est-à-dire le ressenti d'une population. On peut hiérarchiser par la même occasion le degré et le niveau d'existence de l'ensemble : sont-ils, fruits, légumes, ou vivants ? Ont-ils une vie ? Passé cette première barrière, on peut envisager la seconde étape : qu'en pensent-ils ? Est-ce que cela les touche ? Sont-ils seulement au courant ?

Je sais, je pousse un peu : nous ne sommes pas tous des blaireaux en hibernation. Fleurissent donc les faits qui sont réduits à leur plus simple expression puisque les premiers (les politiques) ne savent pas ou ne méritent pas de savoir, car ils sont sous la ligne de flottaison par rapport à ce genre de sujet réservé aux plus "grands", que les seconds ne savent pas parce qu'ils ne peuvent tout simplement pas savoir. C'est ce qu'ils vous disent à longueur de journaux audio et/ou visuels, et que les derniers de la liste, puisqu'on ne leur apprend rien, bien sûr, ne savent rien et qu'ils se réveilleront lorsque la situation sera claire, c'est-à-dire lorsqu'il y aura guerre, sinon ils continueront à roupiller.

Résultat : pour les gens de l'Est de l'Ukraine, les gens de l'Ouest sont des fascistes, les américains étant à l'Ouest (ce n'est pas une nouveauté quand on habite Donetsk) le sont tout aussi et même plus d'après une rhétorique qui n'a pas été abolie. Là, la simplicité à l'avantage d'être claire et simplificatrice : nous, Européens sommes fascistes (je l'écris comme ça pour être sûr d'être compris !).

Nous sommes donc repartis dans un partage binaire : être ou ne pas être fasciste.

Finalement, tant que les deux premières parties de mon classement initial n’auront pas confirmées cela (et encore !), la troisième partie pourra continuer d'aller au ski et de dormir tranquille. « Combien coûtent les carottes ce matin ? — Ah, voilà une bonne question ! »

Patrice C.

 

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