Droit au travail ou revendications syndicales au rabais, par Patrice C.


De la déconfiture sociale

Les règles étaient jusqu'à maintenant posées d'une protection sociale avec ses droits et ses devoirs. La bonne marche impliquait que les parties respectent et remplissent leur devoir réciproque.

L'avènement des trente glorieuses (cette fumisterie) a posé les conditions de fonctionnement d'une société qui éprouvait le besoin urgent de "s'en sortir". A vrai dire cela a surtout été contingent à un besoin européen de reconstruction urgent et que les Etats se devaient de faire oublier, étant les premiers fautifs du dernier conflit mondial.

La reprise d'une activité normale devait initialement rendre service à tout le monde. Les plus gros étant toujours les plus voraces, jusque là rien de nouveau… même transposé à la société, car de social il n'était question que pour le décor que l'on a quand même soigné : nationalisations, avantages sociaux. Le tout encadré et surveillé de près par des gaillards prompts à veiller que cela soit durable. Le temps a passé, les vigilances se sont émoussées, la combativité aussi. Feu les protections et protecteurs se sont avilis jusqu'à n'être plus que l'ombre d'eux-mêmes et le souvenir d'une période qui devait rester en devenir ne demeure qu'histoire. Autant la subsidiarité que bientôt la péréquation tapissera bientôt les murs des musées.

Les valeurs fondamentales sociales n'en sont plus, d'ailleurs il n'y a plus personne pour les mettre en valeur et les faire vivre. On assiste à la grande braderie non seulement d'un pays, mais aussi de ses forces (y compris vives). Le désenchantement s'installe de façon durable et d'autres perspectives ne voient pas le jour. C'est ainsi que les représentants de la force populaire, qu'ils soient politiques ou syndicalistes pointent déjà aux abonnés absents de leurs prérogatives pourtant gagnées de hautes luttes. Le retour au point de départ de la nécessaire reconstruction n'est pas loin, bien que moins dramatique mais tout aussi urgent.

Comment expliquer le point de non retour atteint par le monde salarié et surtout ouvrier face à la politique mais, et c'est beaucoup plus grave quoiqu'on en dise, surtout face à l'action syndicale ?

Il n'est pas de semaine depuis des années que l'on n'entende des ouvriers menacer de faire sauter leur outil de travail et de réclamer des primes de départ.

Où est la négociation ?
Où sont les responsables ?
Que ce soit les salariés de La Redoute ou ceux de la sidérurgie, il n'est qu'un mot qui émerge et devient récurrent : des sous !

Au point où nous en sommes politiquement, la cause est entendue, pour ce qui est des syndicats, où et comment s'organise la prévoyance ?

Les centrales bureaucratisées et parisiennes sont-elles si éloignées des situations de province ?

Les alarmes et lamentations ne les touchent-elles pas ou plus ? Ont-elles jeté l'éponge du fatalisme ?

Bien sûr, remotiver après des années de descente aux enfers sociaux, ce n'est plus évident. Assurément, c'est même perdu. Les ouvriers se retrouvent donc bien seuls face à des patrons quelquefois délocalisés. Le soutien venu de Paris ne peut plus suffire.

Que sont devenues les règles, les lois, les garanties, les protections ? Que n'a-t-on pas réagi immédiatement ?

Immédiatement, c'était hier, voire avant-hier…

La similitude du monde de l'entreprise avec celui de la rue, de celui qui attend d'être licencié et de celui qui se sait non écouté par le politique, est la même. La différence c'est que dans le deuxième cas, on va à la pêche alors que dans le premier on subit et on souffre sur le lieu même de son existence.

Ne faudrait-il pas envisager, à défaut du respect des règles existantes depuis 1936, des salaires plus (beaucoup) importants d'entrée de jeu plutôt que d'attendre un très éventuel licenciement et de se battre pour une prime qui représente ce que l’on n’a pas eu pendant l'exercice ?

Pour faire sauter une entreprise, les ouvriers n'ont pas besoin des syndicats, de même qu'ils ne comptent que sur eux-mêmes pour rentrer dans leur dû.


Patrice C.

 

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