Une sanction pour rien ? par Patrice C.
Une sanction à deux coups
La chasse au PS était ouverte. L'ambition de l'UMP
paraissait déplacée et optimiste comme à la veille d'une partie en sous-bois
difficile et l'espoir surestimé du FN quelque peu fanfaron.
Résultat : le parti majoritaire depuis deux ans perd
plus de cent villes importantes et les Verts et le FN ne font pas que ramasser
des miettes. Le pays se retrouve donc et mathématiquement dirigé par
l'opposition au gouvernement. La première salve fut tirée le 23 mars, l'écart
entre les deux tours était trop étroit pour que cette opposition rate sa cible
en deux coups si rapprochés.
Par-delà les scores et les ego froissés ou aiguisés,
les Français n'ont plus que leurs yeux pour pleurer s'ils espéraient un retournement
spectaculaire de situation, et leur espoir de changement positif en leur faveur
inassouvi car il ne s'agissait-là que d'élections de proximité dont
l'influence sur leur vie n'est pas sensible quoique pas négligeable, peut-être.
Bien sûr, le chef de l'Etat, représentant de son courant mis en déroute, se
devra d'en tirer les conséquences, sauf à paraître imperméable à la rincée
reçue, ce qui ne paraît pas impossible compte tenu de l'aspect canard du
personnage qui a déjà prouvé qu'il pouvait être très mouillé et sortir sec de
l'épreuve.
Les spéculations vont bon train, mais elles ne
concernent que quelques individus éventuels et elles restent résolument
étrangères au Français moyen qui a bien d'autres soucis pour s'en inquiéter.
Elles ont le charme discret des discussions de salon telles qu'elles faisaient
déjà florès au 18è siècle sans pour autant sortir de leurs cénacles
dorés et n’ont que l’importance relative que leur accorde ceux qui en ont fait
un métier. Aujourd'hui, elles alimentent les dîners en ville, comme on le dit
si bien à Paris, comme si tout cela avait l'importance primordiale de la survie
du pays. Elles permettent tout au plus de faire tourner les notes de frais de
quelques journalistes salonnards et de quelques hommes d'influence et pleins
d'emphase, toujours à la recherche d'une oreille bienveillante.
Les communes
peuvent continuer à couler des jours normaux et peu modifiés. Le changement appelé par
des situations autrement plus difficiles que lors d'un épiphénomène récurrent
qui se produit et se reproduira encore sous le même aspect ne se profile pas à
cette occasion-là.
Quoi de plus
banal qu'une élection municipale dans une ville où les gens ont bien d'autres
soucis et occupations. On
repartira au travail dès le lundi matin, sans même plus déjà y penser. On y
repensera lorsqu'il faudra payer les impôts locaux et mobiliers, c'est-à-dire
que d'ici-là, on aura dormi, travailler (pour
certains) et vu d'autres choses. La conclusion tombera d’elle-même.
Que le chef de l'Etat change des pions sur son
échiquier qui doit lui durer encore trois ans, cela pourra étonner, mais cela
fait aussi partie du jeu et n'étonnera guère. Après tout, s'il se considère
comme concerné par cet épisode politique, il n'en détient pas forcément la clé ;
il peut tout au plus passer un coup de cosmétique et continuer à vaquer à ses
occupations, certes importantes, mais qu'il conduit à son rythme. Tout le reste
n'est que baroud d'appareils sans lequel ils seraient bien en peine de nous
faire croire qu'ils sont utiles et efficaces.
Le temps départagera les prétendants aux spotlights de la politique, et il n'en
manque pas. Pendant ce temps-là, elle tourne !
Patrice C.
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