"Je m'insurge" (à propos de Luchini / Céline), par Patrice
La valse des étiquettes politiques.
Je
m'insurge, lorsque je lis dans Marianne
des déclarations de Fabrice Luchini qui tendent à le classer à droite parmi les
nouvelles tribus politiques, au prétexte qu'il est célinien et qu'on lui impute
une pseudo-maladie politique due à la fréquentation de l'œuvre de
Louis-Ferdinand Céline.
Je tiens et j'estime
Fabrice Luchini pour ce qu'il est, c'est-à-dire un artiste, et qu'il s'exprime
en son nom lorsqu'il n'est pas en représentation ne regarde que lui, sauf à
prouver une action politique nauséabonde (des
preuves). D'autre part, revenir sur les procès puants faits à Céline au
prétexte - avéré - qu'il ait fait
preuve d'antisémitisme et que le reste de son œuvre soit donc marquée au fer
rouge et dénigrée par le fait qu'il ait exprimé des idées personnelles qui
étaient et restent inadmissibles — encore
faut-il les replacer dans le contexte de l'époque —, c'est oublier un peu
vite et de façon arrangeante et partisane Le Voyage au bout de la nuit, Mort
à crédit et le reste de son œuvre et de son style, hors trois pamphlets
indignes et mal écrits.
Classer Luchini parmi
les gens de la nouvelle droite au
prétexte qu'il dénigre et méprise ses semblables, est parfaitement justifié au
regard du comportement actuel de ceux-ci (on
a que ce qu’on mérite). S'ils faisaient preuve d'un peu de discernement
plutôt que de rester fascinés et/ou obnubilés par la politique actuelle et ses
servants (qu’ils élisent), s'ils
affirmaient un peu plus une solidarité et une recherche d'égalité, ils se
révéleraient être ce qu'ils sont vraiment, c'est-à-dire des Français aux
racines gauloises, ils retrouveraient ainsi la personnalité originelle qu'ils
ont abandonnée, laissant le terrain libre de toute occupation à des tenants
d'une droite de plus en plus agressive et qui n'aspire qu'à les rendre toujours
plus misérables. Comment ne pas se désintéresser d'une population qui semble
crouler sous la honte, le désespoir et l'ennui ? Comment respecter encore
ces ombres fuyantes que l'on aperçoit, à la nuit tombée, rasant les murs et se
provoquant du regard dans des transports de masse indignes ? Mais quel rapport avec Céline si ce n'est que
les mêmes causes ont généré les mêmes effets et qu'il existe des gens pour le
remarquer ?
Que quelqu'un, qui
est une figure publique, puisse être utilisé (lui a-t-on demandé son avis ? J’attends des preuves) aux fins
d'alimenter une très vague statistique journalistique, cela relève de la
manipulation et de l'effet de manche médiatique. Finira-t-on bientôt par classer les gens selon leur physique ou leurs
opinions personnelles ? Quand le simple fait d'avoir des goûts
littéraires, et éventuellement d'en faire un métier ou de les exprimer,
sera-t-il condamnable ? Quand verra-t-on l'opprobre dispensée à l'encan ?
Quand l'expression de points de vue personnels sera-t-il interdit ? Quand distribuera-t-on à nouveau des
étoiles pour les "mauvais"
penseurs ? Jusqu'où ira
l'intolérance venue de gauche ? Verra-t-on bientôt des ayatollahs de
gauche de la bien-pensance institutionnalisée ?
Avant d'affliger
quelqu'un d'une étiquette (si pratique !),
il serait souhaitable que les journalistes fassent le chemin pour aller
demander aux "suspects"
concernés ce qu'ils en pensent. Ce serait peut-être le dernier rempart de la
démocratie et de l'intox.
Patrice C.
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