Que signifie l'inflation des lois


Le râle de la loi.


Dans quelques cénacles où la malignité triomphe toujours discrètement, les illusions l’emportent. Choisir son représentant est certes une gageure. Le parlementarisme moderne a la prétention de tout régenter à l’aune de la religion laïque de la délibération. En réalité, l’office technique gouvernemental dispose de meilleurs moyens pour élaborer les rapports et les lois. En France, il ne faut surtout pas le crier dans les airs de la Place de la Concorde.

Il ne s’agit pas de révéler ici un mensonge. Encore moins une supercherie. Non. Il est davantage question d’un diagnostic porté sur la légistique, cet art consommé pour concocter une norme. Le lobbying s’est instauré dans tous les pays occidentaux. Le parlementarisme en a été pénétré par la corruption, les petits cadeaux, les intérêts communs pour embaucher tel ou tel perdant à une élection, tel ou tel collaborateur politique professionnel. La légistique s’est donc livrée mains et cerveau à des officines dont on peine à détisser l’écheveau complexe, mis à part les plus connues dans les secteurs du tabac, des céréales, des industries pétrolières et pharmaceutiques.

Les lois, expressions générales et impersonnelles d’une norme, connaissent une inflation sans pareille mesure. Le chemin emprunté dessert tout citoyen, tout justiciable, personne morale comprise. L’excès de normativité tue l’assise de la société composée d’éléments hétéroclites, tue la pondération qui lui est pourtant consubstantielle. Cette inflation de lois tendrait à vouloir répondre à la modernité, au développement de la technique et au besoin de protéger chacun d’entre nous dans notre vie quotidienne et/ou publique. Sphère privée envahie par la sphère publique, nous nous en étions émus en janvier lors d’une norme européenne en cours de transposition sur les feux de bois de nos cheminées censément facteurs d’aggravation de la pollution atmosphérique mondiale : http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/01/lobbying-bruxelles-contre-le-feu-de-bois.html

Sous la plume de l’ami Patrice, il y était question, bien entendu, de la question du lobbying. L’exemple est superbe. Du plus petit commun dénominateur pour un souci général légitime, on en vient à vouloir veiller sur un épiphénomène millénaire plutôt que d’aller regarder de plus près sur nos si chères industries polluantes.

Ressasser l’inanité du législateur public n’est plus forcément utile, eu égard à la bonne perception du problème que nous en avons. L’esprit de technique, l’esprit de sérieux aussi, dictent les invasions de la loi sur tout ce que prodigue l’existence, même ses manières les plus banales. Ne rien laisser dans l’ombre de la loi devient la loi de la loi. Durcir, sévir, contracter ou sanctionner partout où cela est possible n’est, bien sûr, jamais désiré par une personne incarnée, mais par l’obscure addition de courants sociaux, de groupes, de lobbyistes, d’intérêts particuliers. Le bien commun fut à l’œuvre, il est mort dans le profit et le besoin de richesses cumulées. Les droits pressurent les droits des autres.

C’est pour cela que nous n’en voulons pas aux représentants politiques. Ils ne sont presque rien. Ce sont de piètres rouages, ou plutôt les idiots utiles d’un vaste conglomérat de hiatus mis en batterie dans la vie politique institutionnelle. Le principe de la loi de la loi durcit et gronde une abstraction bien réalisée, celle-là : le Léviathan autonome, façonné de cent milles règles, règlements touffus et ficelles légales pour délégitimiser la raison humain prend untel pour grossir, puis jette unetelle pour se débarrasser du premier. L’étroite collaboration à une prétendue unité rendue nécessaire par la « mondialisation » génère le sursaut de milliers de soldats anonymes, de Bloom qui seront évacués aussitôt qu’ils auront servis par un Léviathan qui se passe tout autant de la piétaille et de ses chefs.

Les beaux jours qui s’annoncent…

LSR

 

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce qu'est le syndicalisme libre & indépendant du macronisme-patronat

Aristote à Chartres (statuaire)

Malheur à toi permanent syndical de peu ! (tu ne sers qu'aux fiches policières)