Le barbare de l'autre, par Patrice
Barbare, vous avez dit barbare.
Un nouveau missile sémantique est en train de vivre la
plus belle période de son apogée. Il s'agit de barbare.
Manuel Valls s'en est tartiné quelques tranches lundi
devant les télévisions à propos du dernier méfait du groupe Daech ce week-end.
Quelque soit l'étymologie du mot et son histoire, il
faut remarquer sa forte connotation culturelle. En fait, on est toujours le
barbare d'un autre, jusqu'à ce qu'on s'amende. D'où qu'il vienne, qui qu'il
soit, le barbare est l'étranger, l'intrus, celui qui inquiète par sa
différence. Il faut qu'il amorce rapidement sa rédemption sinon, ça n'ira pas
dans sa nouvelle vie. Il se présente comme différent et donc est
potentiellement le méchant. Indéfini, chez l'homme, ça ne peut pas exister. Il
faut être conforme, standard. Le simple fait de ne pas parler la même langue
est hautement suspect et déjà taxé de barbarisme.
Bien sûr, les barbares qui peuplent l'Histoire n'ont
rien fait pour améliorer la perception qu'on peut avoir d'un étranger, quand
ils surgissaient en guerriers conquérants cela ne participait pas à leur aura.
Il faut aussi remarquer que tant l'Occident que l'Orient a eu ses barbares,
qu'ils soient sur terre ou sur mer.
La grande méprise poursuit son chemin lorsque l'Occident
marque le temps de son intelligence, et c'est avec condescendance que ceux-ci
traitent ceux-là. A l'occasion d'incursions en dehors de son territoire
d'origine, l'Occidental n'est plus perçu comme un gentil curieux, mais comme un
colonisateur, donc barbare à son tour. Il ne se prive d'ailleurs pas pour
accréditer son appellation. Que ce soit par les empalements des peuples
sud-américains lors de la conquête espagnole, de crucifixions en Orient ou
d'écartèlements en place publique sur son propre sol. Le barbare, d'où qu'il
soit et où qu'il aille est un sauvage vis-à-vis de ses égaux étrangers.
Aujourd'hui, une bande de dégénérés fanatisés ne fait
ni plus ni moins que de se comporter en barbares. Cela, ils le prouvent et ça
leur est dû, mais que de retours sur l'Histoire entre l'Est et l'Ouest cela
représente. Nous sommes malheureusement dans un jeu de yoyo où l'on s'échange
plus les horreurs que les idées. Que cela ne nous étonne pas outre mesure, car
à barbare, barbare et demi.
Il en va, vu d'Occident, d'un mépris et d'une volonté
de régler un problème auquel nous ne sommes pas étrangers, mais la situation
serait la même s'agissant de Martiens.
Patrice C.
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