Soi et les autres dans le temps social, par Patrice C.


De la dégénérescence en milieu social surchargé.

L'exacerbation profonde que l'on peut éprouver pour ses semblables est directement liée aux situations sociétales dans lesquelles on se trouve mis en contact. L'existence potentielle d'incompatibilités ou de sentiments de rejet ne peut pas être décrétée subjectivement. Ils doivent être concrets, matérialisés. Ils peuvent souvent se révéler de façon opportuniste et sont aidés par des circonstances occasionnelles et/ou inattendues, ce qui augmente encore la dégoutation car la révélation spontanée et inattendue est plus choquante encore.

Il est impossible de définir par anticipation ce que recouvre et comment se concrétise cette dégoutation. Elle nécessite aussi d'être précisée. Qu'appelle-t-on dégoutation ? Ce que l'on ne supporte pas et qui ne répond pas à des critères de comportement d'abord, car cela est lié à la façon d'être et de se comporter et ne se révèle qu'à certaines occasions provoquées ou situations induites, et d'intelligence ensuite. Intelligence s'entend au sens de bienséance. On ne peut quasiment pas prévoir de sa manifestation, sauf à l'avoir déjà observée dans des situations où on l'a rencontrée de façon manifeste et à savoir que l'on va se retrouver dans ces dites situations. La dégoutation mérite qu'on détermine ce que cela recouvre. Elle nécessite aussi d'être définie et classée.

La révulsion et l'insupportabilité de certaines personnes font que ceux-ci portent le nom générique d'abrutis. Comment définir autrement ce qui provoque l'éloignement d'un individu si ce n'est un comportement manifestement incompatible avec les critères inhérents à la vie collective et reconnus comme tels ? Un tel comportement, qui s'exprime de façon passagère, ne peut être imputé de façon définitive. Il doit être mis au compte de l'exaspération souvent légitime. Il ne peut tout d'abord pas s'agir de type humain au sens ethnique. Il n'y a pas d'a priori en la matière comme en tout autre chose. La surprise est très souvent totale d'autant plus que l'individu en question peut être agréable de façon superficielle. Pour que quelqu'un soit susceptible d'être classé dans cette catégorie, encore faut-il qu'il soit placé en situation de l'être de façon manifeste et donc de se révéler. La proportion varie de beaucoup selon le lieu, l'heure, les circonstances annexes ou complémentaires.

Ainsi, le lieu le plus propice est-il l'utilisation de l'automobile. Elle est à la fois le lieu, l'endroit et l'objet qui catalyse le développement et la révélation, voire la transformation d'un individu en abruti. D'abord objet d'adoration et de passion, elle devient vecteur et transmetteur de comportement, surtout à Paris, en même temps qu'annihilateur de personnalité. La courante publicité télévisée de Peugeot est un exemple d'école car elle dévoile l'individu abruti avant que celui-ci n’utilise le véhicule… Pour ce qui est de l'utilisation, tout le monde sait qu'il s'agit là en fait d'une arène et ça se passe de commentaire.

Autre lieu de prédilection révélateur : les transports en commun, à commencer par le métro parisien. Il est tout à la fois incubateur et révélateur des animosités refoulées jusqu'à l'exacerbation latente et une potentielle explosion d'humeur. C'est dire en quelle estime les usagers, mais aussi les hommes, se tiennent et la considération qu'ils se portent. Il n'y a là que bonne surprise lorsque vous croisez quelqu'un de "normal", c'est-à-dire réagissant en humain et non en bête. La plupart du temps, comme lorsque vous êtes en voiture, vous savez que vous vivez temporairement en milieu hostile. Il vous faut donc vous adaptez provisoirement à la confrontation du plus grand nombre, c'est-à-dire aussi au plus grand nombre possible d'abrutis. Car la statistique approximative (et toute personnelle) tend à prouver que plus vous augmentez le nombre, plus vous faites croître la quantité d'abrutis.

Socialement parlant, il n'y a pas, comme pour le type humain, de classe sociale plus ou moins favorisée et éventuellement protégée. On se demande par qui ou par quoi, d'ailleurs. Il se peut donc que se manifeste, et souvent de façon inattendue, la révélation d'un état d'abruti achevé, forcé qu'il est par les circonstances de se révéler.

Il faut également admettre, comme en tout autre chose, que nous sommes tous et toutes l’abruti d’un autre. Cela constitue-t-il une nation et une démocratie de qualité ?

Patrice C.

 

 

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