Grande époque, Brassaï 1 (expo. Paris), par Patrice C.
Les
années 1920 pendant lesquelles le futur photographe Brassaï découvre Paris sont
encore celles où la ville s'affiche dans les rues, où elle commence dirait-on à
s'éveiller aux regards et à la curiosité de qui sait voir.
Arrivé
de sa Transylvanie natale en 1903 ou 1904, il découvre avec ravissement tout
en vrac la ville telle que rêvée par ce nouvel émigrant curieux. Après un
séjour à Berlin, où il fréquente l'Académie des beaux-arts, il revient à Paris
en 1924 et redécouvre une ville bouillonnante où l'art est quasiment dans la
rue et occupe tous les espaces et les esprits. Il n'a donc pas de difficulté à
s'immiscer dans ce Paris en ébullition artistique et littéraire.
Ce
sont les murs de Paris qui lui offrent, dès 1929, son premier sujet de
réflexion artistique. Les incisions en creux faites dans les murs, qu'on
appellerait aujourd'hui des graffitis, saisissent son attention et il décide de
les photographier. Il profite pour cela de la lumière nocturne des becs de gaz
qui ajoute l'aspect dramatique au graphisme. Cette empathie avec l'illusoire des
murs de Paris fera de lui, en 1939, le vecteur de Picasso pour ses œuvres
sculptées et aussi l'artisan qui fera "respirer
les satures dans l'espace", un penchant qu'il partagera avec Jacques
Prévert jusqu'à les conduire aux arts du cirque et forains et aux Folies
Bergères.
Les
années 30 resteront les années les plus prolifiques de Brassaï qui consacrera
son temps et son art à immortaliser ce Paris qui l'a chaleureusement accueilli
et lui a permis de développer son talent d'observateur de la vie aussi bien
nocturne que diurne. Ses scènes de la vie parisienne restent l'étude graphique
et sociologique la plus poussée de la ville.
Brassaï
a écrit dans la gélatine une page importante de la vie de la capitale dont les Kertesz,
Doisneau et Cartier-Bresson sont les thuriféraires.
Patrice C.
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