Oublie tout, c'est Noël, par Patrice C.

La modernité expliquée aux enfants

et aux autres

 

C'est moderne, Coco ! Ça n'a pas d'histoire, pas de racine, pas d'origine avérée et pas d’avenir…

Ah bon ? C'est pas plus difficile que cela ? Ça arrive tout nouveau, tout beau (?) et on lui promet un grand avenir.

Pourquoi ça arrive ? Pourquoi faire ? Ah, si tu poses la question c'est que tu doutes. Si tu doutes, tu as déjà un pied dans la réaction négative. Plus un mot ! Si tu ne l'acceptes pas, tu es catalogué réac. Parce qu'il faudrait, d'après toi, que tout s'explique, se justifie, ait une histoire ? Mais on n’en a rien à faire de l'Histoire !

Tu dis qu'elle sert à asseoir un avenir ? Mais l'avenir, c'est aujourd'hui ! Tu te retournes, tu te trémousses dès qu'on parle d'avenir et tu ne cherches que des racines, des origines…

Qu'est-ce que tu dis : « Pas de passé pas d'avenir ? ». Mais il est où ton passé dans l'histoire d'aujourd'hui ? Ben, justement, y'en a pas beaucoup… mais ce qui explique en partie qu'aujourd'hui est le fils d'hier et le père de demain. Sinon, tu tombes comme un cheveu dans la soupe ! Et que vaut un cheveu dans la soupe ?

On ne te demande pas d'en faire une généalogie, juste et au contraire, de tirer profit d'hier. D'ailleurs les avancées historiques sont restées dans l'Histoire : la démocratie, la République, les arts et les lettres, et la réflexion induite qui ne progresse que parce qu'on a commencé hier, justement.

Toi, tu t'amènes avec tes fariboles nées on ne sait d'où ni comment et tu voudrais qu'on te dise : OK ! Mais, c'est pas béton ton affaire ! Comment t'en es arrivé là ? Ah bon, t'es un génie… Oui, alors bien sûr, ça change tout !

Et quelle durée de vie tu donnes à tout ça ? Pas longtemps ? Oui, bien sûr… Donc, on recommence tout, tous les jours ? On fait du surplace alors ? Non, on change tous les jours ? Et ça sert à quoi finalement ? Non, je ne suis pas nostalgique. La nostalgie c’est du luxe, du superflu. D’ailleurs, « La nostalgie n’évoque le passé que pour l’enterrer vivant » (Christopher Lasch).

Oui, la vie va son cours. Elle te paraît pas un peu… comment dire, plate, en toc ? Et tu appelles ça le progrès ? Parce que je te signale que de tenir compte de l'expérience du passé, ça ne coûte rien ! C'est une longueur d'avance prise tous les jours. C'est comme ça qu'on progresse. Tu peux préférer le superficiel qu'on met à la poubelle tous les jours, évidemment. Mais ceux qui suivent, tu leur laisses quoi ? En fait, t'es égoïste et misérable !

Allez, va t'acheter tes bricoles, c'est Noël !

 

Patrice C.