En gare pour une nouvelle nuit et brouillard au quotidien
L’inconnue
du quai.
Un début de soirée, samedi, léger et
serein après une course vélocipédique. Une gare de triage, quelque part entre
Yonne et Loiret. Une femme, la soixantaine, manteau noir, valise à roulettes. L’attente.
Le tableau est dressé. Tout est
calme. Mon destrier noir repose sur sa béquille. Je m’apprête à me saisir d’un
livre pour patienter intelligemment après mon train.
Un groupe de quatre jeune gens perdus
hésite entre le quai direction l’Yonne et celui pour le Loiret. Des adolescents
agités, casques sur les oreilles. Ils m’interrogent. Pas de formule de
politesse. Je les oriente. Non sans insister sur le « Messieurs ». Les voici partis.
La dame surgit près de moi. Excitée.
Pleine de gestes du menton, de la tête, des bras. « Ah, tant mieux… ils vont à M., ça m’étonne pas. On les veut pas ici. On
les veut pas chez nous, hein, hein… Tant mieux. ».
Je l’interroge. « Pourquoi ? ». Que n’avais-je
pas dit là, idiot que je suis.
« Ici, on est tranquilles. Eux, ils passent, ils viennent, ils volent. ».
Je passe sur les divers propos débiles.
La dame, encore plus énervée par le
seul entrain de sa logorrhée débute un soliloque en treillis sur Fabius, « le criminel » au gouvernement, et
Taubira, « la cinglée qui libère les
délinquants ». Je devine l’inspiration de ses antiennes. FN ? Pas
du tout. Ump-LR, c’est le discours dérapant évident du parti de l’ancien chef
de l’Etat !
Je lui fais remarquer deux éléments
simples : Taubira fait appliquer les codes pénal et de procédure pénal, un
point c’est tout ; la police n’a ni les moyens ni les effectifs pour
assurer « votre tranquillité, y
compris dans votre chambre à coucher », ironisé-je. D’ailleurs, j’ajoute
que sous le mandat de Sarkozy 12.000 postes dans la police ont été supprimés.
La dame : « faux, faux… c’est Taubira ». Pauvre Christiane, qu'y peut-elle vraiment ?
Je tente la réplique : « Ces chiffres sont livrés par l’Ump-LR et le
ministère de l’Intérieur de l’époque. ». J’achève à peine ma phrase :
« Faux. Moi, je sais que ce sont les
criminels Fabius et Taubira qui relâchent les criminels ».
J’ai compris. La dame se prend à
défendre l’Ump-LR à leur corps politique défendant, plus fermement que n’importe
quelle déclaration de ses hérauts d’après-attentats de novembre.
S’ensuit une longue litanie que je n’écoute
plus, l’inconnue s’adressant à moi de biais, sans jamais me regarder, des
secousses d’émailleuses dans la voix. Des yeux fous. Heureusement, l’arrivée du
train interrompt cette furie.
Généralement, je salue avec
politesse mes interlocuteurs. Là, je laisse l’imbécile malheureuse divaguer et je
monte mon vélo sans demander mon reste dans le wagon. Je ne jette pas même un
regard sur la dame. Terrible. Elle est caractérisée d’une agitation qui
impressionnerait tout psychiatre. Une malade. La seule vue de quatre jeunes qui
n’attentaient qu’à sa vue l’a mise en boule de nerfs. J’ai cru croiser Laurent
Wauquiez, le tact et le talent en moins. Périlleuse France, n’est-il pas !?
L’Ump a radicalisé ses tics de langage ; ses fans les moins instruits
prennent au pied des éléments leurs dérives télévisuelles. Pour qui vous savez,
il n’y a plus qu’à ramasser les voix.
LSR
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