Vue rapide d'une journée de drague de Lady Long Solo [2], par Raoul Bidard


La Lady rompt les remugles de la nuit.

Epuisée d’une journée à traîner, Lady Long Solo se fait une ligne de coke. Assommé, un gars gît dans le lit du vestibule. Elle ne sait s’il passera la nuit.

Plus tôt dans l’après-midi, Jésus Bellegueule l’a initiée « aux délires du tout-venant ». Un truc idiot. Une idée de bobo du centre. Il s’agit de se rendre dans un magasin parisien. Au rayon beauté, devant les linéaires des produits de luxe, le yipster cerne sa proie. Il mène une conversation saugrenue avec une rombière désireuse de s’achalander en biens de consommation pour lutter contre les mésaventures du temps qui passe sur son corps. C’est fou ce que les filles s’y mettent si jeune.

Jésus a de la finesse au bout de la langue. Il articule bien. Il ne mâche pas ses mots pour provoquer un sentiment chez son interlocutrice. Il sait la rattraper, l’envenimer de ses lubies. Il finit par les emmener toutes.

La Lady, trop brutale, ne parvient à rien. D’un stick de rouge, elle fera un marqueur pour prof. D’un parfum, elle tentera de l’enflammer au briquet. Jésus a voulu la former. Jésus a perdu son temps.

Sortie avant que ne sursaute la sécurité en trois pièces, Lady Long Solo a pris un taxi pour le XVIIème. Un salon de massage spécialisé. Très spécialisé. Elle entre et paie toujours cash. Elle choisit sur photographie la Chinoise ou la Thaï qui l’épilera et massera, puis lui fera l’amour pour deux ou trois billets, selon ses envies. Pour trois, la fille lui indiquera la cabine d’un mec facile. Jetée sur la proie, Lady Long Solo passera une longue soirée de connivence avec la mort.

Raoul Bidard

 

 

 

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