Revoir Montmartre, et lire après les stupeurs ophtalmiques, par Patrice


Péripéties ophtalmiques.

Pour ceux que ça intéresse (les autres peuvent regarder Pujadas), avec l’âge les choses de la vie ne vont pas en s’améliorant. Vieille rengaine bien connue. Il est de bon ton pour celui qui vous abreuve régulièrement de ses récriminations, d’étoffer sa palette. Sans pour autant élargir le débat. Quoique…

En dehors d’autres « mésaventures » physiologiques et physiques qui ne regardent que moi, je dois dire que pallier les carences de la nature, compte tenu du temps qui passe, n’est pas aisé. Totalement illusoire dès le départ, cela n’en reste pas moins une marotte et une course perdue d’avance.

La vue se dégrade, certes à vue d’œil (elle est facile !). Il me fallait donc faire le nécessaire pour circonvenir les dégâts. La vue de loin devenait calamiteuse et celle de près très aléatoire et quelque peu difficile. Rendez-vous pris avec les autorités reconnues, ne voilà-t-il pas qu’il s’agissait d’une double cataracte du meilleur cru… Améliorer l’ordinaire, il n’en était plus question : on était aux taquets ! Va donc pour une opération des dites cataractes.

L’angoisse sournoise (comme il se doit) me guettait et me tombait dessus de tout son poids. C’est que les yeux, surtout lorsqu’on lit beaucoup et qu’en plus on s’adonne à la photographie, c’est essentiel. D’où l’angoisse puissance mille. Je n’étais pas non plus, perverti que je suis par des lectures infréquentables, très chaud pour l’expérience bien qu’elle bénéficie d’un prestige tous azimuts dans la population (au même titre que le pacemaker qui doit — paraît-il — vous refaire courir comme un lièvre).

C’est le « dans la population » qui a son poids, ne me considérant, preuves à l’appui, pas tout à fait comme étant standard. L’idée de l’aveuglement total s’installe. La trouille aussi. La vraie de vrai ! Ouh la la… Méfiance ! Coincé entre le besoin, l’envie d’améliorer les choses et de m’offrir en victime expiatoire aux mannes du commerce médical, poussé aussi par la famille et les copains qui n’y voit que rien de bien, je saute le pas. Et vogue la galère…

Un œil cette semaine, le second l’autre semaine. Affaire rondement menée, comme je les aime. De l’intervention en elle-même il n’y a rien à dire sinon que compte tenu de l’organe concerné qui est éminemment attachant, on n’y « va » pas la fleur aux dents. La médecine n’est pas une science exacte et je ne crois pas aux miracles. J’ai vu Lourdes et j’ai compris. Finalement, tout se passe très très bien (Madame la marquise) et les astreintes sont peu nombreuses et surmontables. Le passage au bloc opératoire se fait comme dans un rêve ou presque. Ces lieux, que je connais déjà bien, ne m’impressionnent plus. On se retrouve donc pendant une semaine à voir aussi bien que la semaine passée, mais sans lunettes. On se dit que ça va passer avec la seconde intervention.

Deuxième semaine, même scénario scientifique. Le lendemain je me retrouve donc avec deux yeux « nouveaux » et des cristallins vraiment cristallins et plus opaques. Mais la vision est calamiteuse. Il faut croire qu’après la première intervention, la vision était assurée par l’œil encore non opéré.

Visite de contrôle avec la femme de l’art, remarques de ma part concernant la vision de près qui n’est pas (encore) parfaite, mais on est conciliant on se dit que ça va venir. On apprend que non ! On a amélioré votre vision de loin. Pour la vision de près, il « suffira » d’acheter de (vulgaires) loupes à la pharmacie… Consternation ! Celle attendue, celle à laquelle je savais que MOI, je n’allais pas échapper. Ainsi, je me fais suer en visites régulières pour améliorer ma vision de tous les jours et me voici relégué à recourir à des loupes comme feu mon grand-père qui me disait, lorsque j’avais besoin d’un coup de main : « Attends un peu mon p’tit gars, faut que je mette mes lunettes. »

Après avoir connu les verres bifocaux (une merveille) si modernes et pratiques, me voici revenu un siècle en arrière à devoir trimballer ma boîte à lunettes… En plus du téléphone et des clés, c’est d’un sac dont je vais avoir besoin. Mes poches n’y suffiront plus ! Je bloque sur le côté fonctionnel de la chose : faire une mise au point dans le viseur et vérifier sa profondeur de champ sur l’objectif : deux manœuvres, deux « sortes » d’yeux nécessaires ! Bravo l’ophtalmologie moderne !

Il paraît qu’il existe des cristallins bifocaux, mais c’est après la seconde intervention, lorsque j’ai présenté mon cahier de doléances, qu’on me l’a dit ! Résultat j’ai le choix : valse des lunettes ou retour aux lunettes à verres bifoyers de grand-père…

Je sens que j’ai été abusé et la proie d’un mercantilisme médical « opérationniste ».

Patrice C.

 

p.s. Cette bricole est réalisée grâce à de bonnes vieilles et anciennes lunettes au parcours chargé et à l'usage avéré.

 

 

 

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