(3) Ni maître, ni "esprit de sérieux" - le poète est un garçon sauvage


Le véritable poète court le Tour de France et se tient plutôt du côté de Blondin que Barthes.

Il arrive que la lumière intérieure vienne à manquer à nos bipèdes urbanisés dans les grandes cités polluées. Comme le démontre quelques témoignages d’hommes et femmes de loi, défenseurs ou enquêteurs, la détresse mentale s’accompagne de crimes sordides.

Lire des faits divers ambigus par leur traitement dans la presse en délire (jeu des formes entre attrait et répulsion pour faire vendre) engendre une nausée pénible qui nous dessoude d'avec le monde réifié. Dès lors, nous saisissons que le sordide se marie avec la déficience des services sociaux, de ce contrôle social de prévention utile qui aurait la vertu d’éviter la plupart de ces crimes.

« Notre » société a perdu ses repères, si jamais elle en eut eus. Car nécessité de la prévention rime avec observation d’une communauté humaine soudée autour de projets collectifs, exactement ce qui a bien franchement disparu ces derniers temps.

L’isolement social, la solitude affective et la rupture d’avec la société quand on perd son emploi, son compagnon, tout conforte les analyses de naguère sur « la montée de l’individualisme » si décriée dans les années Soixante et dix. Les organisations et institutions politiques ne sont plus à la hauteur de la déréliction historique. Qui peut concevoir de rester en l’état ?

Que peut le poète ?

Peinture de l'excellent Laurent Melon (Léo 38)
Prenons un exemple. La ferveur du Tour de France que nous lisons quelquefois, se décèle dans les écrits de Blondin, plus que dans Mythologies de Barthes, essai de sémiologie construit pour plaire le badaud parisien. Quand il « analyse » (le dire vite) le Tour, il maintient l’allégorie des guerres Puniques (comme tout le monde), s’esbaudit autour de la foule populaire massée le long des routes. Le besoin de renouveler avec les guerres et la mythologie antiques tient du vœu pieu, de l’exagération à propos du Tour cycliste. Certes, des coureurs enragent, s’affrontent dans des coups de reins, dans des virages, des ascensions et des descentes, contre le chronomètre, mais l’on observe qu’avec le rugby, seul le cyclisme parmi tous les sports bénéficie de cette métaphore. Cela tient du mystère de la fascination générale pour la dramatisation.

Je possède quelques images précises du Tour, mais reste intrigué par toute cette superficialité des spectacles sportifs dont on va nous rebattre les nerfs tout cet été qui nous fait craindre pire qu’une canicule meurtrière mais si bénéfique pour le régime Vieillesse de notre système de protection sociale : pensez-vous, l’opium religieux du foot, le Tour puis les JO en string brésilien vont, coûte que coûte, tenter de fixer le piolet dans la glace de l’histoire, de sceller un destin surhumain. Balivernes, graines de pub et péripatéticiennes sur tous les écrans. Il nous faudra écrire dru, mauvais coucheur et saignant.

Nous, les beaux garçons sauvages à la chute des reins favorisant l’émulsion des synthèses amoureuses, nous le scandons haut et clair : pour le coup, Nietzsche a raison dans la quête de surhumanité de l’homme voulue dans la puissance, ce qui semble être la caractéristique profonde et innée du poète radical.

Briser tous les catéchismes, détruire les idoles, déglinguer les illusions du marché du spectacle, juventuti cupidae legem, pour reprendre l’apophtegme de Justinien (in : Institutiones)... Telle est la sortie de la tranchée du poète, cœur au clair & cerveau dénudé devant les boches.

LSR

 

 

 

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