(1) De la politique à l'amour - en guise de préliminaires (1)
Donne politique et sexualité. Quel rapport ? (1)
Il en va de la vitalité comme de la
profondeur à croire ou ne pas croire. L’essence de l’humanité de l’homme réside
dans sa capacité introspective. A condition d’en faire bouillir les meilleurs
éléments de positivité prompte à favoriser enthousiasme et vigueur. De cela,
nous ne sommes jamais assurés de la réussite. Pire, nous nous fustigeons bien
souvent, plus que de raison, nous mettant à nous-mêmes des coups de pieds -de l’âne- à nos humbles assises que nous
avons pourtant bien moulées par un Dieu fanfaron qui sut y trouver une voie
d’égaiement pour nos semblables discourtois à ne regarder que ce fondement de
nos êtres pour gesticuler de la formation des liquides les plus intimes, et
dont on préférera le terme générique biologique de cyprine et de liquide
séminal. Bref, nous sommes sujets et objets des désirs d’autrui.
Ainsi est l’humanité.
La sexualité dompte tout arrangement
avec le divin. Nulle femme, nul homme n’a jamais songé à harmoniser ses talents
avec la force du capable juridique de nier l’envie, le désir, la consomption
pour autrui sans calcul instrumental réel ou imaginaire. Serions-nous les
jouets du seul Eros ?
La vacuité de l’humanité, sous le
registre social-historien contemporain, exige de prendre la plume telle une
arme, comme le firent quelques agis du passé. Comment ? Que faire ?, discutait Lénine. Ce
dernier préconisait tout à la fois l’élucidation théorique, l’analyse des
situations concrètes, la propagande, l’agitation et l’éducation populaire. Le
parti était la clef de voûte de cette activité théorique et praxologique. Il
avait anticipé ce travail précoce de 1905, après l’examen de la révolution
bourgeoise de cette même année en Russie, dans des articles et brochures,
notamment en 1898, « Un pas en
avant, deux pas en arrière », « Qu’est-ce que le parti social-démocrate ? » et surtout
une critique acérée de l’économisme (je
ne me souviens plus du titre) qui révèle les impasses du seul terrain
social dans l’entreprise et dans la société sur la possibilité « économiste » (syndicale ou trade-unioniste) de causes sociales pour la
construction politique (et social) du
socialisme, etc. L’année 1898 est pour lui fondamentale. Il met en avant
scrupuleusement ce qui a fonctionné et ce qui ne l’a pas été dans
l’organisation politique. L’organisation devient quasi-militaire ;
militantes dirions-nous, partisane, renchérirait les admirateurs de Schmitt que
l’on retrouve plus tard aussi à l’extrême-gauche dans les années 60 et
suivantes.
L’immédiateté conjuguée avec
l’insignifiance établie disculpe une perte de repérage précis de ce qui,
structurellement, dysfonctionne dans les rouages économico-politiques. La
société civile est une forme. Une forme idéologiquement stable. Elle est
constituée des corps politiques et sociaux (souvent
distincts). Politiques au sens où ce sont des corps institués qui élisent,
co-organisent et gèrent la société civile. L’autre personnel politique, devenu
(à tort) les professionnels ainsi que
l’avait anticipé Weber dans Le savant
& le politique (1917 et 1919), institués tel un métier sous la Ve
République, est en passe de ne plus être le rouage de communication du pacte de
concorde entre les forces économiques et les forces sociales. La médiation de
la société civile s’évapore. Les organisations syndicales et associatives en général
ne sont plus des forces de proposition. Elles cogèrent la crise et ne font
qu’entériner les vues dominantes, par exemple l’accord « flexisécurité » récent, la
représentativité sociale, etc. La notion même de « dialogue sociale » a cherché à enregistrer le repli du
politique sur l’institutionnalisme. Il en est même, dans la doctrine juridique,
qui le posent en principe fondamental.
Or, la lutte classe contre classe et
les alliances de classes et quasi-mondes atomisés sont des éléments qui ont été
nécessairement désaffermis lors du précédent repartage du monde où se posaient
deux, voire trois blocs : Occident, pays membres du Pacte de Varsovie et
pays dits « non alignés »
aux alliances lâches et conjecturelles. Le « dialogue social », en France, a déformé les rapports
salariat-patronat et ce rapport même avec l’Etat dans le registre de son
actionnariat public. Ainsi, la contre-réforme de 2008 sur la représentativité
syndicale accentue le détricotage des rapports sociaux dans l’entreprise et,
plus généralement, dans l’économie. La pluralité syndicale spécifiquement
française, marquée par un syndicalisme confessionnel (Cftc et Cfdt de manière plus souple) côtoyant un syndicalisme
corporatiste (enseignants, taxis,
vignerons…), un syndicalisme catégoriel (encadrement) et un syndicalisme général confédéré (Cgt-Fo et Cgt), s’excède ces dernières
années avec l’émergence d’un syndicalisme strictement fédéral et autonome (Sud, G10…) entremêlé. Cette pluralité
confine à l’extinction réelle des revendications et l’actuelle lutte contre la
loi travail n’enraye ni la nouvelle représentativité majoritaire ni le dialogue
social. Au contraire, les bureaucraties syndicales sont les premières garantes
de la « police sociale »
dans et à l’extérieur de l’entreprise mais ne se suffisent plus eu égard à des
troupes éclatées et une adhésion ridicule en nombre. De là, le sentiment de
malaise dans les entreprises où les revendications éclatent autant que les
divergences de conception économiques en période de crise considérée sous sa stricte
implication conjoncturelle.
En politique, la fausse catégorie
droite-gauche n’est plus un critère déterminant. La souveraineté nationale des
partis politiques, dans un pays intégré à l’Europe, exacerbe une souveraineté
populaire en berne qui ne voie guère la légalité des gouvernants et sa
légifération constante, fractionnée et surtout pléthorique. La dialectique de
ces causes crée un état instable de l’état de l’esprit de la population.
Que faire ?, dès lors que nous
brossons succinctement ce tableau de l’infortune actuelle de
l’institutionnalisme français.
Nos institutions politiques, de la
rhétorique politicienne admise de l’Etat de droit comme principe moral de
l’effectivité de la maxime voulant que l’Etat doit se comporter en « grand honnête homme » devenue la
maximisation de la normativité, sont affaiblies. Le principe moral, sans valeur
contraignante, et donc non susceptible d’exécution forcée, avait au moins le
mérite de transcender la politique en un corps d’élus & praticiens qui s’interdisaient
d’instrumentaliser le droit à des fins personnelles. La normativité a substitué
la transcendance morale par une transcendance pyramidale auto-instituée pour
contrôler l’Etat de droit par adjonction de fictions. Kelsen, en 1934, dans sa
volonté de « pureté » du
droit, lui prêtant une suprématie auto-normée et autonome, a réalisé
fictivement un instrument conceptuel inapte à gérer la crise inextinguible de
la légalité et de la légitimité du personnel politique.
Ainsi se présente nos vues politiques
au bout de notre seul horizon existentiel en tant que peuple français.
(à
suivre).
LSR
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