(3) De la politique à l'amour - du Grand jouir par Balzac (3)


Donne politique et sexualité. Quel rapport ? (3)

Ce qui précède, dans le rythme inversé du flux des bricolages posés, il convient de sortir.

Ce que grand jouir signifie.

Il est ce que l’étant en schize a enduré dans l’être morcelé pour devenir une dévotion à la communion la plus fraternelle et égalitaire qui soit entre deux êtres de sexe différent à l’identité civile indifférenciée.

Sans craindre d’être vilipendé à l’instant, rappelons cette évidence : pédérastes et anandrynes sont incapables de tendre au Grand jouir ; qu’on ne vienne pas nous évoquer les possibilités de pénétration entre deux personnes du même sexe : elles ne peuvent unir deux matrices et deux muqueuses différentes, tout comme elles ne peuvent assembler deux cerveaux mâle et féminin différents.

Revenons à l’aporie préliminaire. Freud, dans son infinie perfidie adialectique n’a pas fini de ménager un monde qui n’est pas le monde réel. Esprit sérieux, il a parfois imagé ses essais en un sens destinal pour construire une ou des théories. Le côté « esprit de sérieux » du Viennois, le côté panégyrique de sa construction artificielle a, bien évidemment, créé un groupe d’initiés, puis une secte assez largement partagée dans les querelles, les exclusions et adoubements sur la foi du charbonnier. Pour lui, l’amour a été un magma de formes chaotiques putativement unies dans un sens assez classiquement fondé sur l’animalité aristotélicienne et la vertu procréatrice de l’assemblage des corps. Les pulsions sont sans doute l’aspect le plus pertinent du système freudien. Les stades, stases et autres examens freudiens relèvent d’un caractère superfétatoire pour penser le Grand jouir et une notion d’amour déliée des critères psychiques. Autrement dit, penser l’amour n’est pas penser l’érotisme. Le Grand jouir, là encore, se distingue de l’érotisme en ce sens où il l’enserre sans n’être que cela.

Avant tout :
1°- Le Grand jouir est une prière profane fondée dans le sacre de la rencontre intellectuelle.
2°- La rencontre des corps n’est que la cerise des regards se frottant l’un l’autre.
3°- Sans participe présent de l’un & l’autre, pas de Grand jouir. Platon finassait, mais ses déterminations restent vraies.
4°- La politique du temps réifie les véritables amoureux éternels.
5°- Les catégories du Grand jouir en restent là. Elles se vivent.

Politiquement, nos temps sentent mauvais. Truisme : comme tout le monde, nous n’aimons pas les socialistes hollandistes au pouvoir ; nous n’aimons pas davantage les sarkozystes. Ils préparent une société de caserne. Mauvais gouvernants, ils mettent à mal la théorie des check & balances. Ils sont aussi médiocres que les comiques du Caveau de la République. Ils sont malsains dans la gestion de la crise, dans la gestion de prébendes dévolues à leurs protections et protégés. Ils ferment surtout les yeux sur la mafia, son intrication dans les abus de biens publics, les appels d’offres, les contrats publics liés à l’environnement, par exemple. Ils ferment les yeux sur cette réalité parce qu’ils en sont indirectement les bénéficiaires. Des fortunes colossales sont prises à l’Etat. Un seul exemple suffit et il est édifiant, surtout pour projeter un croche-pied aux naïfs de l’écologie politique. La supercherie sur la taxe carbone a permis de spolier près de 3 milliards de subventions. L’Etat, en démantelant des bras cassés de quelques bandes mafieuses ayant pignon sur avenue, en a récupéré à peine 1 milliards. Passons.

Reste l’amour, écrivais-je. Oui, reste l’amour… Mais quel est-il ? Un épanchement ? Ou plus simplement aimer en silence dans son coin ?

Or, ce qui perce à jour un individu réside dans sa capacité à s’engager dans une critique politique. Quelle qu’elle soit. En tenant des arguments solides, en jouant de son cerveau critique et non au recours de vues conformistes comme celles d’une gauche qui est détestée, y compris par d’autres individus situés à gauche. J’ai dit la gauche souffreteuse, européiste parce que « c’est inéluctable, regroupés, on s’en sort mieux, Coco », antiraciste parce que le confort de se dire « tous égaux dans notre différence » était l’un des thèmes politiques des révolutionnaires-conservateurs Allemands lors de la chute de la République de Weimar, ou encore économiquement naïve parce que le « marché, la seule valeur des échanges, Cocotte ». C’est la gauche cramoisie dont je parle, qui voit Le Pen partout là où leur compréhension du monde s’arrête au canapé, tellement elle est fainéante, n’allant même plus jusqu’à son écran figé sur « le Grand journal » de Canal. Cette gauche-là, molle du PS, verte d’un cœur stérile et au communisme municipal prébendier, est la gauche qui méprise le peuple. Quant à la gauche qui « fait peuple », celle qui soulage sa conscience en levant le petit doigt pour faire des mots contre le FN et voie des fascistes partout envers ceux qui pensent que l’Islam des lumières n’existe pas davantage que des journalistes honnêtes, c’est une gauche de posture qu’on attend de voir en acte, à l’œuvre dans sa mentalité et ses pratiques d’esclaves dans les rouages du salariat ou patronat. Ces donneurs de leçons de gauche sont plus que souvent les premiers à baisser l’échine, à suçoter les souliers vernis de la hiérarchie, à suffoquer pour parler en réunion de peur de déplaire à la hiérarchie « naturelle »… ce sont surtout ceux qui forment le bataillon des syndicats jaunes. Quand ils deviennent chefaillons eux-mêmes, ou patrons (on le leur souhaite), ce sont les pires des techniciens de la frustration des cols-blancs : Balzac les décrit si bien qu’il m’est inutile de m’y employer présentement. Si, un peu tout de même...

Songeons au Père Goriot (1834-1835), ce vermicellier en retraite, fin connaisseur de tous les grains de France, dont ceux qu’il évoque avec nostalgie issus de la Plaine de France (actuel site de l’aéroport de Roissy, les meilleures terres fertiles d’Europe continentale sacrifiées sur l’autel du modernisme voltigeur ; on l’oublie trop facilement) et si prompt à s’illusionner sur ses filles qu’il considère comme des anges quand, sous des dehors précieux et bien éduquées, sont de fieffées volages et paresseuses (eh oui, on doit l’usage du mot « fainéante » à Balzac lui-même… ne suis-je pas excellent dans la suite des idées ?!) à la cuisse aussi éthérée que la morale qui les conduisent à trahir, mépriser et humilier maris et amants pour les besoins de leurs psychés qui concrétiseront la fatalité de leurs déchéances humaines.

Dans ce roman impressionnant de justesse pour décrire la bourgeoisie des années du duc Louis d’Orléans dit Louis-Napoléon Ier, l’on voit à la fois la déraison d’un père crédule sur ses filles qui n’adhèrent qu’à la mondanité et intra-mondanité familiale en dépouillant le vieux malheureux, le constat d’une économie patrimoniale recherchant des capacités industrieuses dans une synthèse productive très hasardeuse pour la période et, surtout, le « mauvais » (en apparence) Eugène de Rastignac qui n’a pas la vulgarité philistine des filles de Goriot… surtout Delphine de Nucingen qui passe de bourse en bourse dévirilisées par le stupre par seul souci de bals et petit-four et finira intuitis pecuniae épuisée, délaissée de tous et désargentée.

Y-a-t-il de l’amour chez Balzac ?

(à suivre)

LSR

 

 

 

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