Les intimes certitudes de Jésus Bellegueule face à Lady Long Solo (18), par Jésus Bellegueule en personne


« Je suis débile ». Ou comment Jésus Bellegueule interroge très sobrement sa relation à Lady Long Solo.

Je ne comprendrais jamais la Lady. Elle m’agace et en même temps elle sait déchirer mes certitudes, toutes mes certitudes à grands coups de canines blanches.

Elle n’aime pas mes tatouages. Je sais, je les ai faits par suivisme à la mode du temps. Sur la plage, surtout depuis que je vais en salle de musculation, je brille. J’ai besoin de cette attitude. Ma timidité a fui grâce à mes pratiques sportives en salle. C’est vrai, quand je suis à Paris, je commence au whisky-soda dès 10h30. C’est parce que j’appartiens à la France qui se lève tôt. A la campagne, je commence plus tard.

Je l’ai rencontrée quand Lady, je ne sais plus. Je jouais de la basse à cette époque pour un combo qui marchait plutôt pas mal. Je remplaçais le titulaire parti faire une pause à Carpentras quand sa femme a accouché. Lady Long Solo bossait pour un producteur. Lequel ? J’en ai perdu le souvenir. Mon côté rural l’éclatait. Ma façon de jouer, à marteler et pincer les cordes, lui plaisait assez. Dès la première conversation dans les loges, j’en pinçais pour elle. Elle, pas du tout.

Lady est-elle une amie ? Non. Une copine ? Pas plus. Une relation alors ? Oui, une relation soutenue, étrange… on dirait une relation brisée dès le début. On est en affaires, ce serait le meilleur résumé.

Ce que je n’aime pas de la Lady, c’est sa manière d’être là sans jamais accepter ni les règles, ni les conventions, pas plus que je sois assuré de sa présence réelle. Elle ne fait toujours que passer. Pourtant…

Avec elle, je fais les quatre cents coups. Disons même que je ne les fais que pour elle. Mon but à moi, c’est de jouer du rock le week-end, d’apporter des affaires dans l’industrie musicale et m’amuser dans mon métier de communicant pour le compte de l’Udi. Quand je militais à l’Ump, je m’emmerdais. J’ai rejoint le centre, parce que je pense sincèrement que c’est le seul avenir crédible pour le pays. Aussi parce que le député J. était un super amant, ça décoince les envies d’un autre clan.

Justement, je pense que ma croyance gêne Lady Long Solo. Son côté nihiliste à fleur de peau m’embarrasse ; d’où mes provocations. Son aversion pour la chose publique est une erreur. Il faut croire en la politique, c’est ce que je me tue à lui répéter.

Je l’aime bien la Lady. Elle m’a sorti d’une sale histoire. Surtout quand je vivais chez Romuald qui me tabassait après l’amour. Depuis, les mecs, c’est terminé, je préfère la douceur des aventurières passantes.

Tiens, Chez Max, coiffeur pour Hommes, de Gainsbourg… sûr, la prog’ musicale de cette barmaid du Navy est toujours excellente.

-Clotilde, bon choix.

-Merci, Jésus. Tu prends autre chose ?

-Ouais. Sers-nous une Météor en hommage à Bruxelles.

-Okay. Je la mets sur ton compte.

-Et tes partiels, c’est quand ?

J’aime bien Clotilde. Un brin déglinguée, elle touche un peu trop à la coco, mais bon… ça lui passera. Quand elle finira ses études de commerce, elle s’embourgeoisera comme tout le monde en épousant le premier beau gosse à belle caisse venu. Surtout dans son job.

-Dis-moi, Jésus, pourquoi Lady s’attable régulièrement avec toi pour repartir aussitôt ?

-Je la fatigue, je crois.

-Ton humour…

-…de droite. Mon humour macho de droite la fatigue.

-Elle le sait, pourtant.

-Un peu trop.

-Vous flirtez ?

-Pas vraiment. Pas mon type, assure Jésus Bellegueule. Mon type, c’est toi !

-Arrête Jésus, je vais finir par le croire et m’emballer.

Ca y est, elle est ferrée. Je le pressentais. Les petites nanas camées au marketing et à la blanche pour tenir, elles ne résistent pas à cette dose d’optimisme que je porte dans mes tatoos, n’en déplaise à Lady Long Solo. La Solo, la prochaine fois que je la croise, j’arrête d’être débile. Faut qu’elle me prenne au sérieux, je monterais bien une nouvelle fois au braco.

Jésus B.

 

 

 

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