Au-delà de la décision du Conseil d'Etat, par Patrice C.
C'est ton frère
qu'on assassine…
Ainsi donc, il
n'y aura pas encore de décision du Conseil d’Etat autorisant l'euthanasie
active. Le sujet est de société et il est toujours tabou.
Une personne dans
le coma depuis des jours, voire des années, n'a plus qu'a attendre que la mort
survienne naturellement. Belle hypocrisie en fait. Il faut savoir qu'il n'y a
que deux alternatives : continuer les soins et cela s'appelle de
l'acharnement thérapeutique, ou mettre fin aux jours du malade de façon active,
c'est-à-dire par injection pour que le passage de la vie à la mort se fasse
rapidement et honorablement pour tout le monde.
C'est compter
sans une autre possibilité qui exonère le corps médical de l'accusation
d'acharnement et qui procure à la famille la bonne conscience d'avoir fait ce
qu'il fallait jusqu'au bout. Oui, mais ce "jusqu'au bout-là" a un prix moral. Il faut savoir que dans ce
cas-là, les médecins cessent tout simplement d'alimenter et d'hydrater le
patient. Plus de nourriture, plus de boisson… Cela s'appelle laisser mourir de
faim et de soif un malade jusqu'à ce que mort s'ensuive ! On a le frisson
rien que d'y penser. Un animal blessé, on le fait "piquer" pour ne pas le voir et le savoir entrain de souffrir.
L'homme, vis-à-vis de ses semblables, fait ou croit faire de la morale à quatre
sous. Placé dans la même situation, on continue à considérer les animaux comme
des meubles, et les hommes comme au-dessus de "ça". Ce que mérite bien certains, d'autres n'y ont tout
simplement pas droit alors que la situation est identique et les considérations
de bien-être aussi. La pitié est réservée aux animaux.
Il faut savoir
que des malades aux dernières extrémités de la vie dans des services de réanimation
sont condamnés à mourir comme on ne le permettrait pas pour des bêtes. On les
laisse mourir de faim ! On leur administrera (quand même) un sédatif pour qu'ils ne souffrent pas… le cynisme
jusqu'à un point encore jamais imaginé. Bien sûr qu'il existe une troisième
solution : celle du courage, de l'amour, de la compassion. Celle de faire
ce que l'on aimerait que l'on vous fît. Le manque de réaction ou a contrario
l'incertitude de savoir si le patient est conscient est hors sujet. Avez-vous
imaginé dans quel état de conscience vous seriez placé dans la même situation ?
Impossible, évidemment. Mais qu'il doit être doux de pouvoir partir si, encore
lucide, vous avez compris que vous ne vous en sortirez jamais. Par contre,
quelle angoisse de savoir qu'à défaut d'une manifestation de votre part (et pour cause), on va vous laisser
mourir de faim et de soif, la douleur en moins. Merci !
Si l'euthanasie
est un meurtre, ça, c'est un assassinat !
Patrice C.
Commentaires
Enregistrer un commentaire