Les fausses libertés d'internet, par Patrice C.
La chasse au
paraître.
Il en est ainsi
des divers et multiples blogs que nous pouvons consulter tout à loisir sur le
Net. En fait, un genre d'open space
où tout un chacun croit détenir le droit de s'exprimer et d'exprimer des "choses" librement. Il en est ainsi
de la liberté et du sentiment moderniste de croire que tout est à tout le monde
et que tout est permis. D'autant plus que cela est "normal" puisque moderne.
Moderne étant ce que l’on attendait et ce à quoi on estime avoir droit… On se
retrouve de fait avec un espace d'expression libre complètement parasité par
des ego en mal d'accouchement et de représentation anonyme.
Au prétexte que "je peux enfin m'exprimer", on
trouve bien sûr tout et n'importe quoi… et surtout n'importe quoi. Pour le peu
qu'il y ait des réponses positives et encourageantes, le prurit se répand
encore plus. Des "billets"
censés nous apprendre quelque chose, on arrive au roman-fleuve. Des quasi-thèses
en gestation. Résultat, la lecture s'égare, se perd et l'intérêt se trouve
tellement délayé qu'on ne va pas jusqu'au bout. Considérer que l'on va lire sur
écran de la même façon que lorsqu'on prend un bouquin, c'est se tromper et,
surtout, ce système est fait pour faire rapide et court. Il s'agit de faire
participer, voire d'informer, pas d'éduquer ! Le système interactif
d'Internet, fait de réflexions et d'informations en tout genre, se doit d'être
court dans son utilisation pour être multiple et efficace. Le blog est le
développement d'une idée, le forum est la porte ouverte à tous les excès et à
toutes les dérives, sans compter le contenu mais surtout son aspect…
En fait, là
aussi, il s'agit bien de démocratie "à
la petite semaine". La possibilité anonyme de s'exprimer, d'exister non
pour les autres mais pour soi-même d'abord et surtout. Le sentiment de disposer
d'un espace partagé où, et l'anonymat est bien pratique pour cela, il suffit
d'être volontaire pour s'afficher masqué et ne pas craindre la honte et la
désapprobation. Une démocratie, une fois encore, faite d'illusions comme celle
d'avoir des droits libres et de pouvoir les utiliser à sa guise. Cela commence
par la démocratie de super marché où l'on choisit "ce qu'on veut". Enfin une vaste impression de liberté… Ce
trompe l'œil est aussi un cache-sexe de la misère de ne pas être parmi les élus
de la société, de ceux que l’on voit, que l’on écoute.
Il y a une
différence avec les sites où l’on peut consulter des travaux qui font foi et
sont de référence et ce déballage insensé déguisé en porte de palais des
merveilles anonymes. L’information quelle qu’elle soit, la vraie, faite par des
professionnels est une chose, l’épanchement d’un trop plein personnel mis en
partage en est une autre. La discipline est sœur de respect des autres. Elle
n’est pas fenêtre ouverte sur le déballage des rancœurs et affichage d’egos. La
liberté à un prix. Ne croyez pas qu’Internet soit l’espace de tous pour tout et
n’importe quoi. Les plages, la montagne, la campagne aussi sont des espaces de
liberté, voyez ce qu’elles sont devenues… La liberté peut s’user si l’on s’en
sert n’importe comment, pour en faire n’importe quoi. La liberté doit avoir un
prix : celui de la modération. Elle se paie cher à ceux qui veulent en
profiter, sinon elle devient un produit sur un rayon de marchandises et, à se
dévaloriser chaque jour, elle finit par ne plus être un droit mais une offre
qui se monnaye et se brade. Elle risque ainsi de ne plus être accessible qu’aux
plus munis et n’être pour les autres qu’un vague sentiment inaccessible, ce qui
viendra encore creuser l’écart dans les sociétés.
Attention :
la liberté doit être utilisée avec modération. Et tant pis pour moi…
Patrice C.
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