Chiffre moi, si tu l'oses, coquin
Je te sonde, tu me sondes, vous me
sondez… ils nous saoulent.
Le remue-méninge est intense et
permanent dans les instituts de sondages en tout genre. Qui regarde quoi à la
télé, qui vote qui, qui mange quoi, quel âge le premier verre chez les jeunes ?
Tout est bon dans le chiffrage. Depuis quelques années, les journaux disposent
tous de leur « question du jour ».
Un clic et puis s’en va… du vent, un pet permanent à défaut de révolution du
même acabit sous Poppers.
La ventilation des opinions est
aussi ductile qu’un doigt mouillé tendu vers l’horizon. Les opinions se suivent
et se ressemblent, entre une intention de vote et son petit vin rosé préféré du
printemps. Les supermarchés ont aussi eu besoin de savoir quel produit, quel
emplacement et quel emballage séduisent leurs clientèles.
L’été sera chaud, parasols, tongs et
paréos pour mesdames vous accueillent dans des présentoirs de carton. Le
nouveau rasoir et la belle bêche jardinière pour ces messieurs. Le Mondial de football
arrive à grand pas, les téléviseurs de grand format attirent le chaland qui ne
veut rien manquer du brin d’herbe accroché au short de Valbuena dit « petit vélo » (parce qu’il est petit, parce qu’il court en tous sens souvent comme un
idiot, parce qu’il porte haut l’amour des grosses voitures)… on appelle
cela le marketing, cette conjonction
entre le désir de vendre et faire aimer un produit. Faire admettre le désir du
désir, en somme. Disons même : l’associer à un mode d’être, à l’identité
personnelle du consommateur qui se croit roi de ses éconocroques.
D’ailleurs, s’agissant de foi du
charbonnier, si l’on en croit les sondages, les Bleus ont peu de chance d’aller
en finale, mais « les Français »
l’espèrent… autant, autant, euh, non… surtout… nos gouvernants
qui seraient tout heureux d’une parenthèse estivale enchantée… on prend son
pied là où il est : dans l’heure sportive plutôt que sur le terrain du
marigot politique et la courbe du chômage très signifiante d’une époque (14.800 chômeurs de plus en avril, mes amis !!!).
Il
faut rêver, il faut faire peur... alors les sondages sont conçus pour satisfaire
le cerveau reptilien de chacun, de chacune. Les instituts font florès : ils pullulent
comme les Kébabs à Paris (ces "boîtes" à recyclage de la vente de shit dans les quartiers chics, jusqu'à la rue Surmelin & autres caïdats). Ils sont tous éminemment concurrents : dure
bataille de voyantes ? Duraille œillade de la putain rue Saint-Denis un peu
vieillotte versus la p’tite Chinoise
jolie, jolie aux yeux verts comme un sushi avarié ?
C’est que la manne sondagière est
imposante. Des millions de big euros
(tais-toi LSR, on dit bygmalion mon grand,
de nos jours) ! Gros pourvoyeurs d’emplois saisonniers et précaires,
de stages (c’est fun sur un sondage… oups, un CV) et bonhomie patronale, les instituts de sondages ont
envahi le quotidien de nos démocraties du paraître, son fard aux urnes,
paupiettes et paupières, son far à oseille de toutes les pépètes, Monsignor !
Même les moins recommandables !
Pour les journaux de notre bonne
presse couettes, le sondage commenté, « c’est du bon, Cocotte, ça nous remplit des pages sans prises de tête à faire
du reportage ». Qui dit reportage dit frais. Qui dit frais dit
journaliste(s), temps, déplacements et photos et pis rédaction(s). Le sondage, un avenir radieux pour tous.
Le monde des médias en est tout esbaudi ; le commenter meuble en se croyant intelligent à la télé, à la radio, à
la Une. Ca vous fait les penseurs d’éditos à bon pourcentage qu’on mérite. Les
politiques les craignent, mais gesticulent avec tel le motard de grand prix « accrochant » ses courbes, toujours limite,
genoux frôlant le bitume. Les marchands du Temple planétaire, pour les mettre
tous dans le même sachet bio, en profitent bel et bien tous… règne de l’éphémère
en ces temps si incertains.
LSR
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