La ville de tous les viles, par Patrice C.
Face à
l'adversité.
Finalement, moins
je sors et mieux je me porte. Je ne suis pas malade et vais très bien, merci.
C'est plutôt le contraire qui peut m'atteindre. Non, je ne deviens pas
agoraphobe, ça va encore !
Mais, bon Dieu,
qu'est-ce que j'irais foutre dehors ? Oui, il y a le soleil, le beau
temps… Je suis sorti une fois il y a deux semaines (!), j'en rêve encore… Je
vais sortir demain : je suis inquiet pour mon équilibre mental, ma
fonction cognitive et ma capacité de résistance. Motif ? Justement, il
fait beau ! La dernière fois aussi il faisait beau et même très beau et
j'ai assisté, à Paris, à un défilé de zombies loqueteux et effarés. La Foire du
Trône sur les boulevards, le musée des horreurs mais en chair et en os. Une
vaste exposition de téléphones portables, de lunettes de soleil, de cul haut
perchés et d'employés des Pompes funèbres qui sortaient de leurs banques.
"Prends ton souffle et plonge !",
je me suis dit. Ah, il faut du courage !
Et encore, il n'y
avait pas encore le Mundial (faut respecter
les choses)… Je sens que demain, ça va être t-shirts de foot sur shorts idoines
et cheveux colorés bleu-blanc-rouge ! L'angoisse ! C'est qu'"ils" sont capables de tout et
surtout du pire ! Heureusement, je n'ai rien à leur demander, rien à
attendre d'eux. Je file, je rase les murs, je suis leur rat. Ils ne le savent
pas. C'est moi qui rapporte à la colonie, car je suis encore un peu humain (merci Orwell, George !). Ça, j'en ai à
leur raconter… eux aussi d'ailleurs, mais vu autrement. On s'étonne les uns les
autres, on échange, on bavarde. Ils ne s'embarrassent pas, eux ! Cash !
Oui, c'est comme
cela que je vois les choses. C'est vous dire le niveau de ma perception, de ma
constatation… Encore, pas comme mon camarade de LSR, moi, je ne prends que le métro,
pas le train. Oh, non, pas le train ! Pas le RER ! Là, pour le coup,
c'est à se flinguer. Tiens, sous les roues ! On peut comprendre… Et puis,
demain, je vais voir et entendre des touristes… si, si ! Des étrangers, en
vrai ! Qu'est-ce qu'ils viennent foutre là ? Ça m'étonnera toujours !
Papa-maman-la-bonne-et-moi ! Et ça blablate à n'en plus finir. Ils ont de
la constance. Où je ne vois rien que des choses à oublier et vite, ils
s'ébaudissent ! Gross Parisss !
Fraulein ! Pas changé en fait. En deutsch
ou en chinois, pas besoin de traduire, même chose tous azimuts : Paris,
Londres, New York.
Demain, je
rentrerai aussi, oui, chez moi, au 4è et je refermerai bien la
porte. Il faut que je ressorte lundi. Une obligation… Je vais aller dans un
lieu isolé bien que très fréquenté : un hôpital ! Rien de grave. Non,
non, je n'ai plus peur d'y aller depuis le temps que je les fréquente… Je
verrais d'autres gens, qui eux font des choses à d'autres personnes qui
attendent leur tour. Ça m'est égal, j'ai l'arme totale : un livre !
Si, si, comme on en voit encore un peu dans les vitrines, pas dans les mains
des gens, non, non. Je vous dis qu'avec ça, je peux tenir un siège. J'emmène
toujours le même. C'est à la fois dérision et provocation pour ceux qui suivent
mais je n'en rencontre pas. Il s'agit de, allez, je vous dis tout : Désaccord
parfait, de Philippe Muray. Ça fait plusieurs fois que je le relis. Le
mieux : je me marre ! J'espère que je suis discret, sinon ils
pourraient m'enfermer. Je vois bien leur genre : si tu dénotes, tu
déranges ! On en a mis en asile pour moins que ça.
Je vous
raconterai la suite, une autre fois. Promis !
Patrice C.
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