Prolo, bobo, même combat


Virilité trash.



Je ne sais pas pour vous, dans vos logis, cahutes et caravanes ou à défaut tentes « 3 secondes », les congés estivaux obligatoires approchent à grand pas. Déjà, dans des étendues herbeuses, dès qu’il y a un peu d’eau, à la campagne ou dans les zones périurbaines, des créatures préparent scientifiquement leur bronzage. Le sein nu surgit désormais là où on ne s’y attend pas. Les sieurs ne sont pas en reste. Ils feignent le footing, sautent et virevoltent par cercles concentriques autour d’icelles. On se renifle à distance dès qu’un mamelon pointe le bout de son nez. M’enfin !, nez… Lesdits sieurs exagèrent leurs mouvements, gonflent poitrine et bras pour finir par suer d’envie. L’approche des vacances, c’est barbecue, pique-nique, apéro en nature. Et une crasse dans l’attitude.

Faut partir, faut s’exposer, faut congédier la mauvaise graisse cumulée lors des fêtes

Mazette, je cause comme dans Madame Figaro ou Elle. Je tourne à l’emporte-pièce de maux. C’est que je me sens énervé en ce moment par le comportement de mes dissemblables, les endroits qu’ils laissent en l’état des passages de toute leur engeance bipède : détritus, bouteilles, sachets MacDo et autres déchets laissés partout « où on se pose ».

De récentes enquêtes qui valent peu mais en disent quelque peu sur nos contemporains nous révèlent que les jeunes générations sont indifférentes au tri sélectif. Les mêmes, visiblement, jettent leurs papiers et mégots à bout jaune dans les bois sans scrupule, dans les zones protégées, par exemple les étangs de pêche gérés par la fédération des pêcheurs, et s’en sont pris d’aise avec les déchets de leur cool-attitude. Les mêmes, souvent, votent « Europe-Ecologistes-Les Verts » parce qu’ils « ont un vrai discours sur la nature et l’Europe, i’sont pas comme le PS, i’ respectent les animaux et leurs droits »… Les mêmes, vous dis-je.

J’en vois en pagaille en fin de semaine dans les trains. Ils sont habillés à la dernière tendance fashion-cool, parfois un bébé dans le dos à l’indienne, lisant de préférence Libé (ce sont bien les seuls à le lire en des heures de pérégrinations avec la Sncf) durant leur trajet, qui rejoignent la famille ou des amis à la campagne chic autour des grandes villes : ils boivent de l’eau, du coca ou une bière, ils mangent un morceau… ils laissent tout sur place… c’est sûr, y’a bien une Rebeu ou un Black qui nettoiera le compartiment, non !? Faut bien qu’ils aient du taff. On paie, on vote bien pour la défense de la planète et des droits de l’homme, alors Freedom ! Comme en forêt, comme au parc... tout laisser derrière soi, à deux pas de la poubelle.

Dans ces conditions, les prolos ne sont pas en reste. Ils imitent le bobo fatigué du week-end. En réalité, le bipède urbanisé est devenu incivique et incivil : il maugrée s’il n’a pas sa ration à lui, s’il n’obtient pas satisfaction illico. Le monde lui appartient, DIY (do it yourself) et Be Nike free !, tout doit tourner autour de son nombril, de son phallus, de son clitoris. Son métier, c’est forcément le meilleur, le plus fun. Son smartphone, idem, son tee-shirt, idem, son bouquin ou ses études, les plus prometteurs, ses déchets les plus propres de tous. Chacun pour soi, Dieu pour personne, rien que pour moi…

De plus en plus, je ne me sens aucunement concerné par cet état de l’esprit humain général, ses cultes, ses pratiques, son habitus et ses lectures, films, musiques, restos, expos, vacances, sports obligés. Que les parades amoureuses se tiennent en public ne me pose guère de problème, s'ils jettent leurs préservatifs dans les poubelles. Que les uns pensent mordicus que le monde leur appartient n’ébouriffe pas ma conviction qu’ils mourront comme tout à chacun. Qu’ils vivent, qu’ils flirtent, qu’ils agacent un mélanome ne m’ennuie guère, mais alors pas du tout. Qu’ils parlent à tue-tête de leur existence dans les lieux publics et laissent leurs déchets me dérange. D’ailleurs, les prochains que je repère en pleine nature, je ramasse tout dans un sac et le dépose dans leur voiture.

Marre de ces bêtes en période de vacances ! Et tant pis si la bagarre est la suite… c’est que le con aime détruire, aime salir comme bon lui semble… et en vient aux mains si on chagrine sa life

LSR

 

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