Pyramide sociale au Brésil, par Patrice C.


Le Brésil invente une nouvelle onde de choc social.
Aussi immuable et incontournable que mécanique, la pression de la régression sociale s'installe à nouveau à Rio. Après l'exil des classes défavorisées dans les favelas, c'est au tour des classes moyennes de devoir laisser la place aux plus fortunés. Place aux riches à proximité de la mer et de Copacabana, émigration pour les ex-résidents privilégiés vers les hauteurs relookées des ex-quartiers puants la misère et reconquis par la mode de circonstance sur tous les trafics. Les nouveaux branchés et moins argentés que les nouveaux arrivants du monde entier doivent se refaire une apparence sur les terres nettoyées des gangs et de la misère. S'adapter aux circonstances économiques et à la pression de l'argent qui exclut toujours plus et expatrie les moins compétitifs. On l'ignore encore, mais on le découvrira après le barnum du football, où devront s'installer les résidents d'origine des favelas. Il leur restera le retour vers la jungle, case départ, d'où ils n'auraient jamais dû sortir, il y a de cela un siècle.
Car l'argent, comme un tsunami pousse du bas vers le haut. Il installe la société inversement à la pyramide sociale. En bas les plus riches et plus on monte, plus ils sont dépourvus. Des strates, des couches superposées et progressives de misère. Avant, il y avait deux sociétés. Il y en a trois maintenant. Il y a les "moyens", ceux qui se situent entre eux, car ils ne sont pas (encore) en bas de l'échelle et donc en haut des favelas (mais ça viendra). Coincés entre les riches vrais de vrais avec appartement sur Copacabana et les pieds sur la plage par les larges boulevards, puis ceux qui ont dû céder la place sous la pression du fric. Ceux qui raillaient ceux du dessus de la pyramide : les vrais de vrais pauvres. Alors ils les ont poussés, faits monter les prix et exiler les habitants d'origine. Ceux qui ont construit les favelas, de bric et de broc. Mais ils s'accrochent. Une seule solution pour eux : restaurer les gangs et effrayer le bobo, pour de vrai, au 11.43 ! C'est donc pousse-toi de là que je m'y mette. Le Brésil progresse (sic) depuis qu'il est membre de la Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), association d'Etats en développement qui ont atteint leurs objectifs économiques et qui s'apprêtent à mettre la pâtée au monde entier. Résultat, migration pour tous les parvenus de ces pays. Direction Rio, qui va ressembler aux Bahamas et Ipanema à la Côte d'Azur. Ipanema : baie des yachts ! C'est Stan Getz qui doit se remuer. Pour ceux qui restent sur le sommet de la pyramide, il leur restera Ike Quebec (pour initiés). Côte d'Azur, sud de la Corse, Monaco et Sicile dépouillées de leurs milliardaires. Ne resteront que les millionnaires : des pauvres sur l'échelle des valeurs ! Des intermédiaires… Le bouleversement démographique est en marche.
Souvenir de la misère. C'est comme cela que va apparaître Rio après le foot. Misère de carte postale désormais. Derrière "le" stade de San Paolo, c'est la misère dernier cri : place au spectacle… Une étape de misère en efface une nouvelle. Bientôt, il sera "chou" d'aller en vacances dans des ex-taudis faits de tôles et de bric à bac. Ce qui compte : la peinture fraîche et l'inattendu. Comme à Palo Alto (Californie) en 1970. Si ça "flash" et si c'est de guingois, c'est gagné ! Place aux nouvelles fortunes en devenir. Résultat : les favelas déguisées en San Francisco "flowerisé", les bons sentiments en moins, bien sûr. Place au fric !
Il n'y a pas que chez les pauvres que ça va mal ! Quelque part, ça rassure et ça prête à sourire.
Patrice C.

 

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