"Jeu" démocratique
Les bons comptent font…
Les petites mesquineries ne
proviennent jamais de l’extérieur, encore moins de l’adversaire politique.
Elles sont internes aux partis. Pour prendre en grippe un concurrent, il suffit
de le soutenir, de vanter en grand ses mérites puis le descendre en vol pour la
chute finale. A l’UMP, cette tactique est usée jusqu’à la corde. Les
arrangements sont toujours des pactes de non-agression, des leurres pour
escamoter une ascension, une prise de pouvoir aussi minime soit-elle. La force
du préjugé, qui veut que l’on n’est jamais si bien servi que par les siens, est
une erreur en politique. Tôt ou tard, il faut renvoyer un ascenseur, donner le
baiser de la mort ou vaquer à d’autres activités.
Dominique de Villepin, dernier
premier ministre de Jacques Chirac président, a sonné la charge du repli en bon
ordre cette semaine : Nicolas Sarkozy serait le « meilleur rassembleur » avec Alain
Juppé, l’un de ceux qui pourrait empêcher l’alternative « Marine Le Pen ou la rue ».
Nous en sommes là des peurs persistantes :
la rue ou le diable, selon leurs courtes vues. Les temps immémoriaux,
reptiliens à souhait, n’en finissent pas d’agiter nos gouvernants.
De Villepin a été le champion toute
catégorie pour dénoncer celui qui ne faisait « pas président », cet « homme qui s’acharn{ait} »
sur sa personne, celui qui voulait « l’accrocher
à un croc de boucher » sous Chirac. Que nous vaut ce retournement
soudain ? Des soucis ? Des aigreurs ? Une miraculeuse
conversion ? S’il en pince dorénavant pour Sarkozy, il y a sûrement des
raisons. Objectif !?
Peut-être serait-il judicieux de
placer l’hypothèse là où elle doit être : Dominique de Villepin a, soit
passé l’éponge, soit consenti à observer que ses soucis étaient autrement moins
graves que ceux de ses « amis »
politiques, soit été frappé du bon sens. Plus probablement, il serait utile que
le meilleur ennemi prenne la direction du parti pour s’engoncer dans la gestionnite d’un retour et d’une
boutique UMP en perdition. De plus, coup de manchette majeur, ce serait l’occasion au
triumvirat Raffarin-Fillon-Juppé de concentrer une rébellion souterraine face à
Sarkozy. Bref, certains adversaires se remueraient dans la pétaudière quand un
chevalier au grand cœur apparaîtrait au firmament du sauvetage de la droite aux
heures sombres. Plan sur la comète de Haley ! Petite poésie concrète du
soleil politique…
Toutes les hypothèses paraissent
opportunes. Dans le meilleur des mondes des sociétés partisanes, mœurs et
pensées se tiennent les coudes avec les coups tordus et les arrière-pensées à
trois bandes sur le billard du « jeu »
démocratique.
Pendant ce temps, ragaillardie par
une absence de volonté, l’industrie française ferme ses portes et le chômage
instille sa lente perfusion dans les retombées sensitives du chemin politique
pris par les uns et les autres. La démocratie est pour eux un jeu. Jeu subtile
pour les uns, jeu de dupes pour la majorité, le baiser de la mort ne fait que
prolonger le supplice des Français. Pourtant, ces râleurs invétérés ont
démontré ces dernières semaines combien ils se jouent, eux, de savoir quel
calife à la place du calife à l’UMP. Ils ne sont pas dupes. Et pis le Mondial approche, ma bonne dame…
LSR
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