Civisme, quoi ? Ca veut dire quoi ce mot-là !?!


De l’imposture au quotidien.

Notre camarade Patrice l’a déjà conté par ici, le civisme n’est plus qu’une aubépine reposant sur une pierre tombale. Sans eau, elle fane au soleil de marbre.

Prenez le métro ou le bus à Paris. Premier constat, en cinq ans on ne voit que très rarement un journal ou un hebdomadaire dans les mains des voyageurs. Quelques livres, toujours les mêmes fadaises commerciales !, et surtout des smartphones entre des mains potelées ou menues.

Scotchés aux technologies prises comme des extensions de leurs neurones épuisées, nos voyageurs s’autorisent de plus en plus à nous faire partager leurs peines de cœur, leurs recettes du soir, leurs engueulades avec leurs époux. Et même le regard mignon de la collègue... Les options vibreurs sont apparemment inconnues des utilisateurs de mobiles ; les sonneries fusent aux heures de pointe. Et chacun y va de ses blablas, de ses affirmations « je suis dans le métro », « je suis dans le bus, là ! », de conversations bien plus insipides qu’auparavant.

Dans les trains, la situation est plus pénible. Un trajet de 45 minutes peut vous valoir au moins deux personnes à converser de tout et (surtout) de rien avec cinquante autres voyageurs soumis à y participer. Je suis toute seule, m’en fiche, j’ai à dire à ma copine. Ou encore : je suis votre supérieur, Henri, vous devez avoir mon aval, ma signature avant exécution…

Chacun pour soi, Dieu pour personne. La curée commence.

Balancée entre les jambes très écartées de ces messieurs qui vous resserrent sur votre petit siège, stimulée par ces dames qui vous empoisonnent les ouïes, la solution devient vite le repli sur soi, la respiration profonde pour garder ses nerfs et ce profond tintamarre intime qui sonne telle une non-appartenance à ce genre humain-là. Finalement, nous qui mettons notre mobile en vibreur, préférons ne pas répondre en transport sinon par sms, restons discrets et polis dès que nous bousculons par mégarde un compère de banquette, nous nous étendons nous aussi dans la petite fange de l’individualisme, de cette conservation de soi absolue et rendue nécessaire par les loups et louves autour.

L’atomisation est aussi cela. Face à l’augmentation des gadgets, l’absence de lectures circonstanciées et solides (la presse est devenue coûteuse pour du vide entre deux pubs), une technique qui supplée aux cervelles déshabituées de fonctionner de tout son potentiel, l’incivisme généralisé nous oblige à nous cantonner dans un repli de bon aloi… de prévention face aux dangers d’autrui et de préservation de soi. En fait, nous participons tous à cette dégénérescence du savoir-vivre minimal. Car prononcer une remarque, ne serait-ce qu’inviter à baisser la voix d’un as du mobile, c’est inévitablement engendrer une réponse violente, un embarras durant toute la fin d’un trajet.

Le genre humain urbanisé n’en finit pas de sombrer : il est de pire en pire. Le bitume est sa jungle, alors ses pagnes sont ses fringues et sa liane son téléphone portable. Atomisé, il contraint le civisme à renoncer. Et nous devenons nous tous des imposteurs avec nos grands principes que nous ne savons plus faire valoir en toute occasion. Nous rasons les murs. Peut-être pour mieux nous rehausser politiquement sous peu !?

 
(Pour équilibrer la présente bricole,
demain sera présentée l’incivisme
à la campagne et sur la route)

 
LSR

 

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