L'Etat divise, il soustrait dans le fait social


L’algèbre social, la reductio ad unum de la barbarie.

La division a un rapport à la soustraction. Non en algèbre, mais dans les faits sociaux.

Une soustraction sur la feuille de paie divise l’entreprise. Des divisions dans une ligue sportive soustraient la multitude de l’élite. Une soustraction de libertés divise le pacte social… Nous pourrions multiplier les exemples.

Le fait social a un rapport à l’algèbre.

Plus encore, la division semble l’opération majuscule de ces derniers temps politiques et sociaux de notre pays. S’emballe l’individualisme exacerbé, phénomène mis en avant durant les années 1980. De quelle manière ?

Facile à résumer : l’égoïsme s’est installé dans le corps social en misant sur l’idée de l’enrichissement, sur le credo de cette décennie qui voulait que chacun devait « entreprendre » avec des icônes placés au centre du dispositif de communication pour cet objectif. Au cœur du dogme normatif du droit français, deux principes coexistaient à peu près équitablement : la propriété est « un droit inviolable et sacré » (art. 17 de la Déclaration de 1789) et la solidarité. Ils se sont étirés, se sont confondus jusqu’à s’opposer dans les faits sociaux. En philosophie, les études du sujet ont mené à ce que pressentait Stendhal dans ses aspirations poétiques : l’égotisme a succédé à l’égoïsme, sentiment primaire et fondamentalement humain.

 

Aujourd’hui, la sécession…

Concomitante à la victoire de l’individu, l’instrument technologique a servi autant le développement du progrès technique et de communication (on les a appelé les NTIC un temps) et l’individu qui s’en est emparé pour jouir immédiatement du plaisir de le posséder, d’en faire un objet de son propre assujettissement. La liberté individuelle a pris ses aises. Les libertés collectives, la prise en compte inscrite dans la liberté en actes même, se sont tues face à l’empire de l’individu seul contre tous vouant sa forclusion dans une aliénation acceptée. Dès lors, c’est toute la cohésion sociale des êtres qui saute en période récurrente de crise structurelle de nos sociétés économico-politiques depuis les années 1970.

Chacun pour soi, dieu pour quelques-uns et retour béat des protections-liges d’individus à individus (les plus faibles s’unissent à la promesse du plus fort)… c’est là la définition du féodalisme.

Renaissant, le féodalisme accable l’irréconciliation entre propriété et solidarité nationale (et de droit). La division de tous contre un flagelle le pacte social de l’aspiration à construire une démocratie efficiente et durable dans l’histoire, ne serait-ce que la démocratie libérale qui est notre façade juridique actuelle.

Ainsi, la division sociale revient à créer les conditions d’une réduction de soi dans la totalité aliénante, la sécession de nombreux de nos concitoyens. Individuellement, chacun tend à accepter en son for intérieur ‑puis le soutient de manière publique‑ le recours aux critères du féodalisme. Quand, dans le même mouvement de déréliction de l’être au profit de l’individu émasculé de ses attributs naturels de libertés, l’éducation, la culture et l’instruction campent comme de vieilles carcasses rouillées au bord du socle social, c’est encore le féodalisme qui dégénère petit à petit dans le régime de la barbarie.

LSR

 

 

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