Bleu marine, ou les nuances d'après vêpres politiques, par Patrice


Quatre nuances de bleu.

Les choses étant réglées dans les états-majors des partis postulants à la direction du pays, les oligarques locaux ayant réussi dans leur immense majorité à sauvegarder leur pré carré en y refusant l'accès à autant de femmes qu'elles avaient été à faire le job, nous voici donc face à une France qui n'a guère changé que sur la couleur.

C'est en regardant une carte colorée du pays et en se référant à la légende des couleurs qu'on s'aperçoit qu'effectivement, deux départements sur trois sont passés d'une couleur à une autre (Le Parisien). C'est faire une fois encore, et pour des raisons de moralité et d'apparence certainement, abstraction d'une densité de bleu qui n'est pas citée, celle du bleu marine. Bien sûr, le Front national n'a pas gagné de département. Il faut donc se référer à une autre carte, celle des votes exprimés, pour s'apercevoir qu'au final les habituels nantis professionnels de la politique s'en tirent à bon compte et toujours entre eux. Il s'en faut quand même de 31 cantons gagnés par le FN. S'en tenir aux départements gagnés permet d'évacuer l'existence et la progression à 40% des suffrages du parti d'extrême droite et par là même de le discréditer, voire de l'exclure d'une carte de France émaillée d'un camaïeu de bleu pourtant en quatre densités d'une même couleur.

Il faut donc relativiser et ne pas craindre de regarder l'aspect colorié de la France à sa juste valeur, celle des votes exprimés, le reste n'étant que tambouille d'après apéritif très arrosé. Ce chatoiement rosé qui agrémentait la carte de France des profondeurs s'est mué en bleu dégradé d'une densité modérée pour l'UMP à un bleu layette très seyant pour la droite du centre et diverse. Ce qui permet de rester dans la famille tout en excluant et surtout en se dépêchant d'oublier, tout en affirmant que cette seule carte est la bonne, qu'il ne s'agit là en fait que du résultat final que l'on souhaitait obtenir déjà avant l'expression populaire. Une carte de famille d'où le vilain petit canard, qui représente quand même quelques millions de voix, est exclu de façon à ce qu'on puisse encore vivre entre soi. Le cousinage avéré avec le FN est à oublier lors de l'accolade finale.

Une fois de plus, c'est bien la démocratie qui est bafouée même si cela doit crever le cœur de devoir le reconnaître pour des questions de bienséance codifiées unilatéralement. "Qu'a-t-on fait au bon Dieu ?" disait le film, pour mériter d'avoir un tel métissage politique du pays. Dépêchons-nous d'oublier le sujet et de l'enfermer dans un placard. On ne veut pas avoir à rougir (et plutôt à bleuir) d'un tel cousinage. On se rencontrera aux chandelles éteintes et après les vêpres.

Une fois de plus, il y a bien eu usurpation et manipulation de la démocratie par l'utilisation du vote majoritaire. C'est donc bien de courage que nous manquons. Mérite-t-on une telle démocratie, si loin de ses valeurs originelles alors qu'il serait si simple d'intégrer toutes les valeurs représentées et de se comporter en citoyens responsables mais honnêtes plutôt que de faire perdurer des mafias.

Patrice C.

 

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce qu'est le syndicalisme libre & indépendant du macronisme-patronat

Aristote à Chartres (statuaire)

Malheur à toi permanent syndical de peu ! (tu ne sers qu'aux fiches policières)