La meute a remplacé le peuple, par Patrice


De tout un ensemble.

La démocratie, de même que la laïcité, le voltairisme ou le rousseauisme, le kantisme ou l'hégélianisme, l'égalité, la fraternité, la liberté ne doivent pas devenir des credo psalmodiés pour camoufler le fait qu'on ne les mérite plus. Anonner comme une croyance un principe n'en fera jamais un invariable, un acquis irrémédiable, une vérité première. C'est mériter qu'il nous faut.

La componction s'impose comme étant de rigueur et de circonstance alors que nous sommes à l'origine des troubles qui nous touchent chaque jour un peu plus. La vie devient un mur des lamentations perpétuelles où l'on rajoute au besoin des additifs de commisération. Le miroir devient trop petit face aux besoins de nos interrogations. Heureux ceux qui ne s'interrogent pas, c'est un brevet de longue et paisible vie, ce qui n'en fait pas une réussite

C'est désormais d'intégrisme dont il s'agit lorsqu'on parle des valeurs fondatrices d'un peuple. On ne se reconnaît plus que dans l'exercice exacerbé d'une particularité. Le communautarisme revêt les couleurs d'une identité absolue. Il n'est plus question de fédéralisme social, juste de différences devenues incompatibles. Des niches sociales, voire ethniques, que l'on ne souhaite plus partager mais protéger et par lesquelles on tend à exister. Etre ceci ou cela avant et plutôt que pluriel. Etre d'abord un avant d'être pluriel. C'est tout juste de tolérance qu'il est question vis-à-vis des “autres". On peut vous accepter, mais il ne saurait être question de nous mélanger, de vous intégrer. Le monde, avant d'être multiple, est d'abord individuel alors qu'il ne peut pas vivre sans se mélanger. C'est donc bien d'une tolérance dont il s'agit, d'une exception toute provisoire qui a ses limites. On recrée des micros mondes dans un espace commun. Les frontières sont dans les têtes désormais.

Il n'est plus nécessaire de gratter bien profond pour trouver le substrat fondateur d'une identité. Elle affleure et peut se dresser comme une défense à la première menace ressentie alors que c'est l'union qui seule peut faire la force, l'indépendance et la richesse. Les cultures restent des exotismes que l'on cultive, que l'on accepte de partager de façon très folklorique mais qui restent réservées au-delà des apparences exotiques. Les cultures et les traditions restent des propriétés privées. On entrouvre tout juste la porte à l'étranger.

C'est ainsi que l'on s'exhibe laïc (« plus laïc que toi ! »), républicain, démocrate avant de revendiquer haut et fort son appartenance ethnique, dernier rempart non négociable. Les vertus généralistes sont bradées et leurs contenus éparpillés à l'occasion d'un besoin provisoire de rapprochement émotif. Ainsi en est-il du voltairisme ou du rousseauisme, nouveaux catalyseurs opportunistes des peuples en déshérence et en manque de repères affectifs.

Ce n'est plus d'un peuple qu'il s'agit, mais d'une meute.

Patrice C.

 

 

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